Monday, September 17, 2012

To be or to become ? that is the question !

Singe contemplant le crâne d'un humain
Source Photo : http://storytelling.expertpublic.fr 
J'ai intitulé ce post par une déformation de la fameuse phrase d'ouverture de la pièce Hamlet de Shakespeare. Cette question "to be or to become ?", "Etre ou Devenir ?" est à mon sens la question fondamentale que chacun de nous devrait se poser. En effet, nous autres humains lambda, qui ne sont ni princes ni rois et qui n'ont ni oncle assassin, ni père monarque défunt, la problématique de vie (to be) ou de suicide (not to be) ne se pose vraiment pas [RESUME]. Par contre la question de vivre maintenant (to be) ou demain (to become) est importante. En tout cas cet article essaiera de vous en convaincre. En conclusion je reviendrai vers le drame de Hamlet pour faire le lien avec un thème qui m'est cher, celui du 21 décembre 2012.

Devenir versus Etre

La photo que j'ai choisi pour illustrer mon article montre un singe qui contemple un crâne humain. Elle évoque la couverture de certains livres ou pièces de théâtre sur Hamlet : personnage humain qui contemple un crâne, symbole de la mort ou du suicide. Cependant, ce qui m'a intéressé dans la photo ci-dessus est plutôt ceci : le singe qui se pose la question : dois-je accepter ma condition d'animal ou serait-il possible de devenir humain ? C'est un peu le thème de cet article, mais transposé à l'homme. L'homme qui veut devenir ceci ou cela et qu'il n'est pas.

Depuis que nous sommes nés, la famille puis la société par la suite essaient de nous modeler selon des normes ou des idéaux. Notre condition naturelle n'est pas acceptée. Et c'est normal. On doit être civilisé, éduqué, bref être un bon citoyen qui fait honneur à sa famille, son pays, etc. Si au départ de la vie, cette éducation paraît nécessaire pour s'adapter et "réussir" dans les sociétés où nous sommes nés, par la suite, l'éducation devient ambition, puis compétition. Et le mal est né. en effet, cette compétition devient une fuite en avant, une course sans fin. On commence par l'ambition d'avoir un diplôme, puis un job, puis une maison, une famille. Mais après la maison c'est la villa, la résidence secondaire ou même le château. Après le job c'est la direction de l'entreprise, les affaires, l'argent, la politique, bref l'ambition sans fin et sans limite. Pour ceux qui ne sont pas attirés par les ambitions matérielles, il y a les ambitions religieuses ou spirituelles : gagner telle place au paradis, être près de tel prophète ou de Dieu; être un grand mystique, etc. L'objet de l'ambition a changé mais l'ambition est toujours là. Or le problème n'est pas dans l'objet de l'ambition, terrestre ou divin mais dans l'ambition elle-même.

On peut alors se poser légitimement la question qui a-t-il du mal à être ambitieux ? Pourquoi la compétition est-elle mauvaise ? Tous les "progrès" humains en science et technologie, santé, etc, ne sont-ils pas les retombées de cette ambition personnelle ou collective qui pousse au travail et à la création de richesses ?  Je ne veux pas discuter la question du soit-disant progrès humain ou civilisation humaine. Je préférerais  rester au niveau individuel. Analysons de plus près cette question d'ambition, de "devenir" :
  • Quand on veut devenir quelqu'un cela signifie que l'on n'accepte pas sa situation actuelle et que l'on veut devenir autre chose. La conséquence est une projection dans l'avenir et un oubli du présent. Plus l'ambition est forte, plus on devient obnubilé, hypnotisé par cette situation future. Dans les cas extrêmes on sacrifie tout le présent, les plaisirs simples et présents de la vie, pour vivre dans l'imaginaire du futur glorieux que l'on attend. Le problème c'est que ce futur ne vient jamais. Même quand on atteint ce que l'on ambitionnait il y a 5 ou 10 ans, on ne va pas s'arrêter pour en profiter. Non, on va tracer des ambitions encore plus grandes. Et ainsi le présent fuit entre nos doigts. Un jour, à l'article de la mort, on se pose la question si ça valait le coup de sacrifier sa vie pour ce que l'on va bientôt laisser derrière soit. Même ceux qui ont des ambitions religieuses ou mystiques de manière générale, risquent de vivre le même désenchantement. En effet, l'ambition était juste au niveau  intellectuel, bâtie sur une connaissance fournie par l'esprit collectif de la société où on a vécu. Or à l'article de la mort, la société ne sera plus avec nous, l'intellect forgé par cette société va disparaître avec elle. Et si tous les rêves de paradis, de Dieu et des prophètes n'étaient que des rêves ? Pur fruit d'une société et d'un intellect qui va disparaître comme le monde matériel. L'intellect n'est-il pas juste une forme plus subtile du monde matériel ?Donc que l'on soit un ambitieux très terre à terre ou un ambitieux type religieux, le résultat à la fin sera le même : un désenchantement et un sentiment d'avoir perdu sa vie pour rien ou pas grand chose. Donc inconvénient n°1 : on ne profite pas du cadeau de la vie et on vit dans un imaginaire futur sans aucune réalité tangible.
  • Second inconvénient : l'ambition, quelque soit son type, terrestre ou divine, est forcément liée à un idéal. L'homme d'affaire veut devenir comme Bill Gates; l'ambitieux religieux veut devenir comme un prophète; la militante associative veut être comme Mère Teresa, etc. Or chacun a une individualité spécifique. Dieu ne fait pas de copie carbone, chaque humain, depuis qu'il y a des humains sur Terre est unique. Spécifique. Sans égal. Or vouloir être comme quelqu'un d'autre au détriment de son individualité a deux risques fâcheux : soit le risque de faux soit le risque de tension perpétuelle. On est faux quand on essaie d'être comme quelqu'un mais on n'est pas et on ne sera jamais ce quelqu'un. Si on n'est pas hypocrite, on peut souffrir de tension chronique : vouloir atteindre une situation qu'on ne peut pas atteindre. Il aurait mieux valu accepter sa propre situation. Quelque soit cette situation, l'acceptation de celle-ci enlève automatiquement la tension de vouloir être quelqu'un d'autres. Dieu nous a créé comme nous sommes. Acceptons cette situation. C'est le cadeau de Dieu. Chaque personne que Dieu a créé sur Terre est aussi important que toute autre personne, passée ou future. Dieu l'a créé unique est sans aucun équivalent. Donc il est inutile de vouloir être comme quelqu'un d'autre. Les grands hommes (prophètes, sages, etc.) ont tous surtout réalisé eux-mêmes. Si on veut suivre leur modèle, il ne faut pas être comme eux, mais plutôt faire comme eux : réaliser soit-même. Sans idéaux, la vie devient beaucoup plus simple. Sans tension, sans hypocrisie, sans complications inutiles. Cette acceptation de soit entraînant automatiquement le respect de l'individualité et la liberté de l'autre. Remarquons également que les idéaux que chacun peut se faire ne correspondent absolument pas à la réalité des gens que l'on cherche à mimer. Regarder par exemple les gens qui veulent être comme tel ou tel sage ou prophète et qui sont différents les uns des autres. En effet, les idéaux sont la pure création de nos sociétés que l'on colorie avec nos propres déformations personnelles et à l'arrivée, ils ne correspondent à plus rien de bon. Donc inconvénient numéro deux de l'ambition : les idéaux créés avec comme conséquence l'anxiété, la tension, l'hypocrisie et la vie compliquée.[OSHO]
On pourrait trouver d'autres inconvénients mais contentons-nous de ces deux inconvénients majeurs. Soulignons donc le fait que "Etre" revient à vivre l'instant présent, à profiter pleinement de la vie. Tout en étant décontracté, vrai, sans tension, acceptant la vie telle qu'elle est.

Etre ou ne pas Etre, actualisée

En regardant le texte de Shakespeare le thème de la mort est présent, mais le sommeil également[HAMLET]. La mort ou le suicide est vu comme un sommeil qui permet de se reposer et de se débarrasser du fardeau des problèmes de la vie. Peut-être même que la mort/suicide, comme le sommeil apportera des rêves, de beaux rêves permettant d'oublier ses malheurs. Cette assimilation de la mort à un sommeil m'a intéressé. L'humanité aujourd'hui, dans sa majorité, moi inclus, est en profond sommeil. Tous les sages s'accordent pour dire que nous sommes, au mieux des somnambules, au pire des zombies, des morts vivants. Une fois de plus, on revient à l'assimilation de la mort à un sommeil ou à dire que finalement la mort n'est qu'un sommeil plus profond, moins ou pas agité.

Seulement voilà, nous sommes à quelques semaines du 21 décembre 2012 et beaucoup de personnes nous promettent un nouvel âge d'or de l'humanité où  nous allons nous réveiller de notre somnambulisme et nous ouvrir à la réalité. La vraie. J'ai vu des vidéos sur Internet qui nous promettent la multiplication des pouvoirs paranormaux comme la vision nocturne, la télépathie, la télékinésie, etc. Il y a même un guru qui a promis de faire léviter un millier de personne simultanément à la fin de cette année !

Mais attention, ne serions-nous pas entrain de rejouer les mêmes modèles tordus de nos esprits malades : vivre dans l'imaginaire des ambitions et rêves futurs et oublier le présent ? Si nous continuons à rêver des pouvoirs supra-normaux que l'on va avoir et du nouvel âge d'or de l'humanité, nous allons nous enfoncer encore plus dans nos rêves et nous déconnecter de la réalité. Si nous continuons à chanter l'amour inconditionnel où l'on vivra sans le vivre aujourd'hui, ici et maintenant, on risque de ne pas bénéficier de ces vents divins qui soufflent sur notre planète depuis plusieurs mois, peut-être des années déjà. Si c'est le cas, nous risquons de vivre un désenchantement le lendemain du 21 décembre 2012. Non pas que rien ne s'est passé. Non, il se passe et il s'est passé énormément de choses, mais ceux qui sont alerts, vivants dans l'instant présent en profitent pleinement et ils accompagnent  notre Mère Terre dans son ascension vers Dieu. Les autres vont échafauder d'autres rêves avec d'autres dates. Qui sait, peut-être dans 26000 ans ... dans d'autres incarnations, bien sûr !

Références :

[OSHO] Osho. Le thème principal de cet article (Il vaut mieux Etre que Devenir) est issu de l'oeuvre d'Osho. C'est un enseignement récurrent chez tous les mystiques. Voir les livres d'Osho ici : http://www.messagefrommasters.com/Ebooks/Osho_Books.htm

[HAMLET] Une présentation de la pièce Hamlet dans sa langue d'origine et en anglais moderne : http://www.nosweatshakespeare.com/quotes/hamlet-to-be-or-not-to-be/

[RESUME] Un résumé en français de Hamlet : http://livres.ados.fr/William-Shakespeare/livres/hamlet/.

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