Tuesday, November 8, 2011

Mon pélerinage à la Mecque

Ce texte est un récit-témoignage du fabuleux pélerinage que j'ai effectué, en février 2002, vers les terres saintes à Makkah Moukarrama et à la visite de la mosquée du prophète à Madina Mounawara. Il a été écrit après mon retour du Haj en mars 2002.



L'angoisse du départ

Même si on prépare longtemps un voyage et même si on désire ce voyage de tout son âme, le départ est toujours un grand moment d'angoisse. Le jour J, un samedi 9 février j'arrive à l'aéroport des pélerins de Casablanca. Le moment de dire au revoir étant venu j'ai déployé un effort monstre pour contenir mes larmes afin de ne pas décourager ma femme Khadija qui essaie de puiser du courage au fond de mes yeux. Mon visage était souriant, un peu soucieux, mais au fond je pleurais ... C'est la première fois que je vais quitter ma femme et mes adorables enfants Mouad, Khaoula et Mariam pour une si longue durée (au moins un mois). De plus, le haj (pélerinage à la Mecque) n'est jamais un voyage sans risque : Tous les ans, on déplore la mort de certains pélerins pour des causes diverses, allant de l'intoxication alimentaire à la bousculade ou tout simplement la mort naturelle ... Les corps ne sont jamais rappatriés, ils sont inhumés en terre sainte. La famille doit se contenter d'une déclaration de décés au haj avec comme consolation le fait que la mort au haj est presque synonyme d'aller au paradis ... Ce n'est certainement pas une maigre consolation car c'est bien le rêve de tout musulman de gagner le droit d'aller au paradis. A propos de mort au haj, dans le temps les marocains qui allaient au haj étaient surtout des personnes âgées qui supportaient mal les contraintes du haj et y laissaient souvent leur vie. Aujourd'hui, de plus en plus de jeunes ont le privilège et l'honneur d'aller au haj. De plus en plus de gens sont conscients qu'il faut aller au haj le plus tôt possible tant que la santé est bonne et dès que les moyens matériels sont disponibles. En effet rien ne garantit que la vie sera longue et le prophète a bien dit que "celui qui a les moyens d'aller au haj et ne le fait pas n'a qu'a choisir sous quelle autre religion il veut mourir", sous-entendu cette personne ne peut pas se prévaloir d'être musulmane car elle a les moyens d'accomplir le cinquième pilier de l'islam mais ne le fait pas.
A propos de moyens matériels, pour un marocain, il faut compter environ $US 3000 tous frais compris pour un voyage au haj d'un mois environ.

Habillé comme un mort

Les formalités administratives à l'aéroport s'étant déroulées sans encombre, nous arrivons à la salle d'embarquement en attendant l'heure de départ. Nous sommes environ 400 pélerins à attendre patiemment le moment de partir. Il y a approximativement presque autant de femmes que d'hommes. Si les filles d'Eve n'ont pas à s'habiller d'un habit particulier, sauf l'habit règlementaire islamique à savoir des habits larges couvrant tout sauf le visage et les mains, il en va tout autrement pour nous autres fils d'Adam et dignes successeurs du prophète Ibrahim, bâtisseur de la Kaaba et le premier qui a appelé au haj en terre sainte à Makkah. En effet, nous devons nous habiller avec un habit particulier spécial "ihram" dès l'arrivé (en vol) à un point géographique particulier appelé "mikat". Il y a quatre "mikat" selon la région d'où vient le pélerin. Pour nous autres marocains, notre "mikat" se trouve à "rabegh" un petit village proche de l'aéroport de Jeddah. Comme nous n'aurons pas le temps ni les moyens de nous laver et mettre l'habit du "ihram" dans l'avion, nous nous préparons avant la montée dans l'avion. Moi même je me suis lavé et mis les habits du ihram chez moi et j'ai mis une djellaba dessus; le moment venu, il suffirait d'enlever la djellaba et je serais prêt. Tout le monde n'est pas aussi prévoyant, certains ont attendu d'arriver à la salle d'embarquement pour s'habiller pour le "ihram". En fait c'est quoi "ihram" ? Ce mot vient de mot arabe qui signifie "interdit". En quelques mots un pélerin qui entre dans la phase "ihram" doit s'interdire un certain nombre de choses de la vie courante comme se coiffer, mettre du parfum, etc. et se consacrer à la prière dans une attitude humble et soumise à Dieu. L'habit spécial ihram est tout simplement deux serviettes ou deux draps blancs. Le pélerin doit mettre une serviette comme une jupe et la serrer avec une ceinture autour de sa taille, cela s'appelle "izare" et doit mettre la deuxième serviette sur ses épaules et l'envelopper sur soit, cela s'appelle "ridaa". En dehors de ces deux draps, aucun autre habit n'est autorisé, ni sous-vetement, ni chaussette, ni chapeau, rien que deux simples draps ... L'allusion évidemment au mort qui est lavé puis enveloppé dans des draps similaires est évidente. L'objectif est que les fidèles se rappellent le jour de leur mort et le jour dernier où toutes les créatures seront rassemblées devant le Seigneur. De plus, qu'on soit roi ou ballayeur, on s'habille de la même manière et on subit le même sort ... Quel symbole d'humilité et d'égalité devant Dieu ! Pour notre Seigneur, nous sommes tous pareils, ce qui compte c'est la piété, pas le statut social ni la richesse.

Le voyage

L'heure d'embarquement dans l'avion est arrivée. Mes concitoyens, même partant pour le haj, ne dérogent pas à la règle : ils se bousculent sur le portique pour monter dans les bus emmenant vers l'avion. Arrivée au pied de l'avion, même scénario : on se bouscule pour monter dans l'avion. Si vous me demandez pourquoi on se presse et on se bouscule alors que tout le monde, sans exception, va monter dans le même avion qui, théoriquement, arrivera en un seul morceau :-) à l'aéroport de Jeddah en Arabie Saoudite ? je ne saurais vous répondre ... Les marocains sont ainsi faits, ils ne se sentent pas l'aise s'ils ne se bousculent pas et s'ils ne se bagarrent pas avec leurs frères et soeurs pour passer en premier :-(
Nous prenons place à l'arrière de l'avion bien que nos tickets d'embarquement indiquent des places assises en avant et bien que la règle veut que les hommes soient dans une rangée et les femmes dans l'autre. Dans la bousculade et la précipitation, les hotesses ont été débordées et les gens se sont assis n'importe où, n'importe comment ...
Peu importe, nous prenons place, ma tante (khalti), ma soeur et moi-même dans trois places assises dans la rangée du milieu d'un superbe boeing 777 de la Saoudi Airlines aux équipements ultra sophistiqués. Chaque place assise est équipée d'un écran individuel avec une commande qu'on peut retirer du côté du siège. Avec cette commande on peut choisir entre des programmes vidéos : cinéma, dessins animés, émission religieuses sur la haj ou encore consulter les informations sur le vol : itinéraire parcouru avec cartes détaillées, heures de vol, d'arrivé, vitesse (900 Km/h) et hauteur (10700 mètres) de l'avion, température extérieure (-57°C), etc. Il existe aussi un programme diffusant les images prises par deux caméras extérieures l'une horizontale et l'autre verticale ! Malheureusement comme le voyage se déroule la nuit, à part pendant le décollage où on voit les feux de la piste de décollage s'éloigner, on ne voit rien à travers ces caméras durant tout le vol, qui durera un peu moins de six heures. Si on dispose d'une carte bancaire de paiment électronique, on peut utiliser la commande en guise de téléphone pour appeller n'importe quel coin du monde. Pour ceux qui ne savent pas manipuler cette commande merveilleuse et son petit écran, ils peuvent suivre les programmes diffusés automatiquement sur leurs petits écrans ou sur de grands écrans disposés dans divers endroits de l'avion. Finalement précisons que dans l'avion un endroit est aménagé pour la prière, il peut contenir jusqu'à 10 personnes. On y trouve une moquette et des petits tapis de prière et bien évidemment un écran qui donne l'itinéraire de l'avion et surtout la direction de la Kibla en temps réel ! Décidément les saoudiens ne finiront jamais de m'étonner agréablement et ça ne fait que commencer.

Talbya, début du rituel du haj

Le sympathique commandant de bord nous annonce le moment venu que nous allons atteindre le mikat dans un quart d'heure. Tous les hommes se préparent en s'habillant pour le ihram. Un quart d'heure après le commandant de bord nous annonce l'arrivée au "mikat" et nous souhaite un "haj mabrour wa danb maghfour" (un bon pélerinage et des pêchers pardonnés par Dieu). Nous entamons alors la phase du ihram en pensant (niya) effectuer une Omra. Puis, nous commençons à réciter "talbia", c'est-à-dire que nous devons dorénavant dire pratiquement tout le temps :
  • labbayka Allahomma labbayk, (nous voici Dieu, nous voici !)
  • labbayka la charika laka labbayk, (nous voici, O Seigneur tu n'as pas d'associé)
  • inna lhamda wa niimata laka wa lmolk la charika lak (Grâce et Bienfaits sont de Toi, tout est à Toi et Tu n'as pas d'associé).
En fait le sens du "talbya" est essentiellement le fait que le pélerin vient en terre sainte pour répondre à l'appel de Dieu. Imaginez un seul moment que quelques deux millions de pélerins convergent vers Makkah par terre, mer et air et disent les mêmes paroles ... Imaginez aussi que tous les prophètes depuis Ibrahim (Abraham), Moussa (Moise), Issa (Jesus), Youssouf (Joseph), etc. ont effectué le même périple et prononcé les mêmes paroles, cela vous donnera la chère de poule. Sachez aussi que les arabes avant même le venue du prophète Mohammed ont gardé trace de ce pélerinage hérité du prophète Ibrahim. Ils prononçaient une talbya déformée, tournaient autour de la Kaaba et allaient et venaient entre Safa et Marwa mais malheureusement tout cela était mélangé avec leurs statuettes et leurs idôles qu'ils associaient à Dieu. L'islam a nettoyé la Kaaba de tous les idôles et a revivifié le haj pur tel qu'il était pratiqué du temps du prophète Ibrahim.

Arrivée en terre sainte, vision de la Kaaba

MakkahL'avion atterit à cinq heures (heure locale) à Jeddah à quelques soixante dix kilomètres de Makkah. Après d'interminables procédures administratives nous arrivons enfin, par bus, vers dix sept heures à Makkah. Nous déposons nos baggages dans le petit appartement qui nous est alloué, mangeons rapidement puis, sans arrêter la talbya, nous nous dirigeons vers "Al Masjid Al Haram", la mosquée abritant en son sein la Kaaba. Celle-ci est un édifice cubique d'environ quinze à vingt mètres de côté. Il a été bâti par le prophète Ibrahim sur instruction de Dieu et il a été élargi à plusieurs reprises dans son histoire. La Kaaba est recouverte par un tissu noir avec des motifs contenant des versets du Coran. En plus de ces motifs d'autres inscriptions, visibles de loin, sont écrites avec des fils d'or. C'est cet édifice cubique simple qui a été choisi par Dieu comme direction des cinq prières effectuées par les musulmans chaque jour. La vision du "Masjid Al Haram" est très émouvante et une fois entré à l'intérieur de la mosquée, on s'avance jusqu'à apercevoir la Kaaba. L'instant de cette vision est parmi les moments qui marquent l'existance de tout musulman arrivant en ces lieux. Beaucoup de pélerins n'arrivent pas à se maîtriser, certains s'agenouillent et se prosternent pour Dieu, d'autres ne trouvent pas les mots adéquats pour remercier Dieu de les avoir amené jusque là, d'autres ont les larmes qui coulent des yeux en silence ... J'ai vu une iranienne qui a piqué un crise d'hystérie en voyant la Kaaba, elle a commencé à crier avant que ses proches ne viennent la calmer et la persuader de ne pas perturber la quiétude des gens qui prient.

Rituel de la Omra (manasik omra)

Nous commençons notre haj par une "omra". En quoi cela consiste ? simplement en quatre phases:
  • Ihram et talbya : déjà effectués dans l'avion et décrits précédemment
  • Tawaf : il s'agit de tourner autour de la Kaaba sept fois dans le sens contraire des aiguilles d'une montre en partant de la ligne diagonale issue de la pierre noire. Ensuite, on effectue une salat de deux rakaat puis on va aller boire l'eau de la source zamzam. Cette source actuellement distribuée dans plusieurs milliers de robinets et de distributeurs spécifiques a jailli la première fois sous les pieds de Hajar (femme du prophète Ibrahim) et de son fils Ismail.
  • Saay : il s'agit d'effectuer sept allers et venus entre deux talus appelés Safa et Marwa distants d'environ 380 mètres. Ce parcour actuellement bien balisé avec un sol en marbre était jadis un terrain vague parcouru plusieurs fois par Hajar qui cherchait de l'eau pour elle et son fils Ismail.
  • Après le saay le pélerin doit se coiffer les cheveux et à partir de ce moment-là il a le droit d'enlever les habits du ihram et tout ce qui lui était interdit ne l'est plus. Il peut aussi arrêter talbya mais cela ne doit pas l'empêcher de continuer à penser à Dieu tout le temps (dhikr).
Le tawaf, saay et la coiffure peuvent s'effectuer dans une durée allant de deux à cinq heures suivant la foule rencontrée dans le tawaf et saay. Plus il y a de monde, plus le temps sera long. La prière du tawaf est une des grandissimes prières effectuées par le pélerin. Elle a le même statut que la salat dans le sens où elle a les mêmes contraintes de propreté (ablutions, etc.). Cependant, elle est unique car elle ne peut s'effectuer qu'autour de la Kaaba à Makkah. Le pélerin est invité à profiter de sa présence dans ces lieux saints pour effectuer un maximum de tawaf supplémantaires en dehors de ce qu'il doit effectuer obligatoirement.
Durant le tawaf, le pélerin tourne autour de la Kaaba sept tours durant lesquels il peut prier Dieu avec les prières qu'il veut, il peut aussi lire un peu de Coran. L'un des quatre coins de la Kaaba contient la pierre noire. Cette pierre est très prisée par les pélerins qui font des mains et des pieds pour aller l'embrasser comme le prophète a fait. Cependant, vu le nombre important des pélerins il est permis de se contenter de lever sa main en direction de la pierre noire et dire "Bismillah Allaho Akbar" (au nom de Dieu, Dieu est Grand).

La dynamique des pélerins autour de la Kaaba :-)

En montant sur la terrasse de la mosquée j'ai pu voir la scène du tawaf d'en haut. C'est une scène fabuleuse : une marée mouvante de pélerins tourne autour du grand édifice de la Kaaba 24 heures sur 24. Le mouvement humain ressemble à un tourbillon d'eau avec des endroits où la circulation d'eau est fluide et se passe sans heurs et d'autres endroits constituant des passages difficiles. Par exemple sur la ligne au sol marquant le début du tawaf, la circulation des pélerins ressemble à une chute d'eau avec une surpression avant la chute et une dépression après. Autre analogie avec une crue d'eau : une fois j'étais assis avec d'autres pélerins dans la cours autour de la Kaaba attendant l'heure de la prière et d'autres pélerins faisaient normalement leur tawaf autour et proche de la Kaaba. Petit à petit le nombre de ceux qui font le tawaf a commencé à augmenter puis soudain, comme une crue d'eau, une foule de pélerins qui font le tawaf a littéralement envahie la zone où nous étions assis. Non seulement on était obligé de nous mettre debout, mais le mouvement de foule nous a emmené avec ceux qui tournent ! Comme des arbustes que la crue vient de déraciner et jeter ailleurs j'ai été transporté par la foule des pélerins un tour plus loin sur la périphérie de la cour abritant la Kaaba. L'analogie hydraulique m'a inspiré plusieurs idées qui pourraient améliorer la fluidité du tawaf. Par exemple, il faudrait que tous les pélerins soient conscients qu'il ne faut pas s'arrêter à la ligne de début du tawaf, cela enlèverait la "chute d'eau". Il faudrait aussi éliminer les groupes de pélerins qui se tiennent solidairement pour ne pas se perdre les uns des autres ou pour se renforcer les uns les autres. Ces groupes de pélerins constituent de gros "grumeaux" qui diminuent la fluidité et augmentent les heurs entre pélerins.
Le grand problème reste la discipline des pélerins eux-mêmes. Souvent, l'ignorance, la non éducation et l'absence du bon sens font que des pélerins bousculent violemment leurs frères et soeurs. Ces mauvais exemples sont malheureusement assez fréquents et presque inévitables. En effet, les autorités religieuses de tous les pays musulmans ont beau informé et formé les pélerins, il y a toujours une frange de pélerins complètement ignorants ou n'appliquent pas ce qu'ils savent et on ne peut pas interdire la maison de Dieu même à ceux-là.
Un dernier point à propos du tawaf : malgré la foule et la bousculade le tawaf est mixte, il ne peut en être autrement. Ce qui est extraordinaire c'est de voir comment réagit par exemple un homme quand il est littéralement propulsé par la foule vers une femme qu'il ne doit théoriquement pas toucher. Contrairement à une goute d'eau qui vient s'agglutiner à l'autre goutte d'eau et continuer son chemin, l'homme, avec son libre arbitre, va commencer à freiner et à changer sa trajectoire pour éviter coûte que coûte d'être collé avec une femme qu'il n'est pas autorisé de toucher. Ceci est un excellent exercice morale pour apprendre au musulman dans sa vie de tous les jours à savoir se contrôler et ne pas se laisser entrainer vers ce que Dieu lui a interdit. Un musulman ne cède jamais à ses pulsions et à l'ambiance dans laquelle il vit. Il est toujours maître de lui même et de sa destinée, dans le cadre de la volonté de Dieu. Ce respect des femmes par les hommes durant le tawaf malgré la foule est la réaction normale d'un musulman, cela-dit il y a des contre-exemples, assez nombreux d'ailleurs :-(

Des visages et des habits de toutes les couleurs

En arrivant à Makkah et en allant à la mosquée du Haram, ma soeur m'a dit qu'elle avait l'impression de consulter une encyclopédie. En effet, on voit à Makkah toutes les races et toutes les couleurs, tous des musulmans, car Makkah est interdite aux non musulmans. Les plus nombreux sont les sud-est asiatiques : les indonésiens et les malaisiens, généralement petits de taille, disciplinés et très organisés. Il y a aussi les indiens, les pakistanais et les bangladeshis, eux aussi nombreux, avec leurs femmes mettant un petit bijoux dans le nez et enveloppés dans des saaris dignes des plus beaux clichés d'inde. Quant aux hommes ils peignent généralement leur longue barbe avec une couleur rousse. On croise aussi les égyptiens et les égyptiennes avec leur accent savoureux comme dans une série télévisée. Nos amis égyptiens n'ont rien à envier à nous autres marocains en terme d'indiscipline et de bruit dans les couloirs d'hotels et de résidences des pélerins :-) Il y a aussi nos amis africains noirs, maliens, nigérians, etc. avec leur taille imposante et leur sens grégaire qui fait du mal notamment dans le tawaf. Cependant ils sont toujours souriants et on a l'impression que leur langue est gaie et se prête à rire à pleine dents blanches :-) On ne peut ne pas apercevoir nos frères et soeurs libanais (chiites) et iraniens. Ces derniers posaient pas mal de problèmes aux autorités saoudiennes durant la période Khomeyni. Aujourd'hui, ils sont d'une discipline exemplaire et ne troublent nullement l'ordre public par des manifestations à caractère politique comme aux temps de la fièvre révolutionnaire. Seule manifestation de ce genre fût un petit "sit in" près de la Kaaba à onze heure du soir par un groupe de libanais qui lançaient des slogans anti-israéliens et pro-palestiens. Tout le monde comprenait cette réaction et l'approuvait vu le génocide que subit notre peuple frère palestinien. Soulignons également le fait que cette année, la plupart des femmes pélerins iraniennes ne s'habillent pas en noir mais en blanc ...
On croise aussi à Makkah évidemment nos frères marocains et algériens avec leur accent typique et leur attitude fière se croyant plus intelligents que tout le monde :-))) et s'habillant tantôt avec leur bel habit traditionnel tantôt avec des qamiss saoudiens de piètre qualité et des taguias marocaines guère mieux côtées donnant une image plutôt moins que plus, mais c'est un avis personnel ;-) Il y a aussi les syriens, les iraquiens et les palestiniens venant de palestine ou ceux de la dispora au liban ou en jordanie.
Dans le haram ou dans les rue on peut croiser des pélerins venant de république populaire de chine ! Je les adore ces chinois, on dirait qu'après leur prière, ils vont exécuter un kata de cinquième dan en Nambudu Sankukay :-) Peu nombreux également sont les originaires des ex-républiques soviétiques ou encore ces européens aux yeux bleus et aux cheveux et barbes blondes ou rousses. On connaît facilement les nationalités des gens car en général, pour des raisons d'organisation, chaque haj porte un badge, un uniforme ou un signe distinctif quelconque indiquant non seulement le pays d'origine mais également le groupe de pélerins auquel il appartient. Cela permet, au cas où le pélerin perd son chemin de pouvoir se faire aider par les agents d'autorité saoudienne.

La mosquée du Haram, un chef d'oeuvre d'architecture et de technique 

haram makkiLa mosqué du Haram à Makkah est la plus grande mosquée au monde. Sur deux niveaux plus une immense terrasse, un sous-sol et des esplanades autour de la mosquée, celle-ci accueille durant la période du haj quelques deux millions de fidèles cinq fois par jour durant les prières. On est bien loin, très loin des 80000 fidèles que peut théoriquement abriter la mosquée Hassan II à Casablanca... La vision de ces pélerins qui convergent à travers les artères de la ville vers la mosquée est impressionnante. Toutes les routes proches du haram sont fermées à la circulation des voitures et des camions une demi-heure avant l'heure de la prière car tout simplement ces routes sont envahies par les pélerins convergeant vers la mosquée à pied.
D'un point de vue architecturale, la mosquée est une très belle oeuvre tout en marbre. La mosquée du Haram est également un ensemble technique impressionnant : des climatiseurs et des ventilateurs en nombre astronomique, des lustres, des hauts parleurs, des caméras fixes ou dirigeables, des engins de nettoyage ou de manutention à propulsion électrique, bref des équipements impressionnants et surtout très bien entretenus. On ne trouveras jamais un ventilateur en panne ou une lampe grillée. La propreté est également impeccable ! C'est ainsi que les lustres et les hauts parleurs en cuivre sont nettoyés avec un produit spécial qui fait briller le cuivre comme de l'or. L'eau de zamzam est distribuée dans des jerricanes avec un robinet à poussoir et une pile de gobelets propres et jetables après chaque usage. Jamais il n'y a de rupture de stok de goblets et les agents spécialisés dans l'entretien de la distribution de zamzam manipulent les bidon d'eau en mettant des gangs propres pour éviter toute contamination.
Les sols sont lavés à l'eau et au savon tous les jours par une armée d'agents de ménage extrêmement organisés et bien équipés et rôdés à travailler même dans des conditions difficiles où la mosquée est pleine de pélerins 24 heures sur 24. Les tapis sont également passés à l'aspirateur ...
Cette maintenance impeccable de la mosquée n'est pas effectuée par les reponsables de la mosquée directement, mais elle est sous-traités à une entreprise privée. Le nom de cette entreprise vous dira certainement quelques choses ... il s'agit de "Saudi Bin Laden Group", tous les agents d'entretien portent fièrement des uniformes avec le nom de leur entreprise.
Les autorités s'occuppant du haram déploient tous les moyens pour prévenir les accidents durant le tawaf ou saay qui peuvent être engendrés par la foule. Ainsi les pélerins sont en permanence surveillés par des policiers et des secouristes équipés de brancard pour évacuer d'éventuels accidentés et d'accessoires de secours immédiat comme la bouteille d'oxygène, etc. Le service de nettoyage est également d'une redoutable efficacité : si par exemple quelqu'un saigne du nez et le sang se répand sur le sol où s'effectue le tawaf, dans la minute qui suit, des hommes de ménage interviennent efficacement et les choses rentrent dans l'ordre. Malgré le fait que le tawaf ne s'arrête jamais autour de la Kaaba, les agents s'occuppant du nettoyage profitent des moments de moins forte influence pour faire entrer dans la cour autour de la Kaaba des engins de nettoyage automatisés et guidés par des hommes de ménage. En quelques minutes le sol est nettoyé et débarassés des multitudes d'objets perdus par les pélerins dans la bousculade et qui peuvent blesser d'autres pélerins.

Les six jours du Grand Haj

Journée du 8 Dilhija 1422 (20/2/2002), "yawm tarwiya"

Jusqu'à ce point du récit je n'ai décrit que le rituel de la Omra, qui n'est qu'un prélude au grand haj. Celui-ci ne commence que le 8 Dilhijja (12 ème mois lunaire). Ce jour là, appelé journée du "tarwiya" commence par une entrée dans la phase ihram avec son habit traditionnel pour les hommes. Cette fois-ci cependant, le pélerin pense (niya) et dit qu'il va effectuer un "haj" (et non une omra) puis commence talbya comme dans la omra.
Ensuite les pélerins sont transportés par bus vers Mina, un lieu proche de Makka (5 kilomètres). Ils sont alors logés dans des campements avec des tentes ayant une structure métalique, un système de climatisation, l'éclairage et l'eau courante. Il n'existe pas de mobilier dans les tentes, juste des tapis pour s'assoire et dormir. Vu l'étroitesse du territoire de Mina les pélerins n'ont pas beaucoup d'espace et chacun a pratiquement juste l'endroit où il peut dormir. Les pélerins passent cette première journée du haj à prier, lire le coran, discuter religion, etc.

Journée du 9 Dilhija 1422 (21/2/2002), "yawm arafa"


Cette journée est le grand jour du haj. Les pélerins partent après la prière du fajr de Mina vers un lieu appelé "Arafa" à une vingtaine de kilomètres de Makka. Le transport dure au moins toute la matinée à cause du nombre incalculable de bus qui convergent vers Arafa. On effectue la prière du dohr et asr groupées puis on se consacre uniquement à prier Dieu, de préférence debout jusqu'après le coucher du soleil. Ceux qui sont venus tôt ont pu assister à la prière et à la khotba à la mosquée Namira. Cette mosquée est peut être la seule mosquée au monde qui n'ouvre qu'une journée dans l'année et pour faire une seule prière groupée ! En effet, à Arafa il n'y a pas d'habitants et par conséquent point de fidèles pour faire la prière dans cette mosquée qui reste alors fermée toute l'année. Mais les attentes des murs de cette mosquée sont largement compensées par la foule impressionnante qui converge à Arafa ce jour du Grand Haj ! Durant tout l'après-midi les pélerins s'activent, de préférence debout, à prier Dieu en se tournant vers la direction de la Kaaba et en tendant les mains vers Dieu. On peut demander à Dieu ce qu'on veut, mais le fûté est celui qui demande pour le jour dernier, toute la vie ici-bas aura l'air d'un songe éphémère demain devant Dieu. Durant cette prière, il est plus que recommandé de pleurer et d'insister en demandant le pardon de Dieu. Celui qui se croit pur, n'a rien à se reprocher et n'a pas besoin du pardon de Dieu n'a pas sa place ici, il a fait le voyage pour rien ... Il est émouvant et impressionnant de voir les hommes et femmes de toutes les couleurs en train de pleurer et d'implorer Dieu dans toutes les langues. Comme toujours, il y en a qui n'ont rien compris et se font prendre en photos souvenirs ou ceux qui font des acrobaties pour monter au sommet du mont Arafa hautement dangreux à cause de la foule et des escarpements des rochers, alors que le prophète est resté au pied du mont et a indiqué que l'ont pouvait se mettre debout n'importe où dans Arafa.
Après le coucher du soleil on retourne dans la direction de Mina mais on s'arrête dans un lieu appelé mouzdalifa où les hommes doivent passer la nuit à la belle étoile. Les femmes qui ne peuvent dormir à l'air libre sont autorisées à rentrer dès minuit vers Mina.

Journée du 10 Dilhija 1422 (22/2/2002), "yawm eide"


Après avoir passé la nuit à Mouzdalifa on retourne vers Mina (puis Makkah) pour effectuer quatre rituels importants :
  • jeter la pierre de akaba : on ramasse sept petits caillous et on va les jeter à un endroit particulier à Mina appelé "jamrat akaba" ce jet de pierre symbolise le fait qu'on maudit satan en commémoration de l'acte héroïque du prophète Ibrahim qui a maudit satan qui l'incitait à ne pas égorger son fils comme Dieu le lui avait demandé. Finalement Ibrahim a maudit satan et a commencé à vouloir égorger son fils, c'est là que Dieu ayant su qu'il allait exécuter son ordre sans sourciller, lui a ordonné de s'arrêter et lui a fait descendre un mouton du paradis à égorger à la place de son fils.
  • Egorger un mouton et donner sa viande aux pauvres du haram. En fait la majorité des pélerins payent un bon à une société qui se charge d'égorger les moutons sous contrôle vétérinaire, effectue les emballages et réfrigérations qui s'imposent avant de distribuer la viande pour les pauvres du haram et d'ailleurs dans les pays musulmans.
  • Se raser complètement le crâne comme le prophète l'a fait et comme Dieu l'a recommandé dans le Coran. Les femmes ne doivent pas se raser complètement mais juste couper de leur cheveux un petit bout.
  • tawaf et saay à Makka : cependant vu la foule immense qu'il y a ce jour là, il est permis de retarder ce tawaf et saay de quelques jours, le temps que la foule diminue. Ce tawaf important appelé "tawaf al ifada" peut être effectué jusqu'à fin Dilhija mais il est recommandé de ne pas trop le retarder sans motif valable (foule importante, maladie, etc.)
Dès que le pélerin effectue au moins deux parmi ces quatre recommandations ci-dessus, il peut alors arrêter son ihram et s'habiller normalement, mais il doit rester passer la nuit à Mina.

Journée du 11 Dilhija 1422 (23/2/2002), "awal ayam tachrike"


Cette journée passée à Mina est surtout caractérisée par le jet de pierres à trois endroits nommés respectivement petite, moyenne et grande jamra. On jette symboliquement à chaque endroit sept petits cailloux comme on l'a fait la veille une seule fois. Le jet des sept petits cailloux à chaque "jamra" ne dure en tout et pour tout que quelques secondes mais le problème vient du fait que l'endroit est relativement étroit et la période de jet est limitée. Ces deux éléments font que ce jet de pierre est réputé être le rituel le plus dangereux du haj à cause des bousculades mortels qu'il y a eu par le passé à cet endroit. En fait les autorités religieuses ont minimisé les risques en jouant sur plusieurs facteurs :
  • En élargissant l'endroit de jet de pierre en bâtissant un pont surplombant les trois jamarat et doublant ainsi la surface utile pour les pélerins.
  • En élargissant la période de jet qui était limitée entre les prières du dohr et du maghreb et qui est maintenant rallongée jusqu'à minuit. Malheureusement beaucoup de pélerins ignorent encore cette possibilité et continuent à se bousculer initilement durant les "heures de pointe".
  • En instituant la possibilité à un pélerin jeune de jeter les cailloux à la place de femmes et autres pélerins faibles ne pouvant supporter la foule.
  • En déployant un dispositif de sécurité impressionnant avec des policiers et des secouristes directement mêlés aux pélerins, un QG qui surveille par des caméras vidéos et par le biais des rapports communiqués par talky walky les mouvements des pélerins et diffusent ces directives en temps réel avec des hauts parleurs et en utilisant toutes les langues des pélerins.
Tous ces éléments font que l'on déplore de moins en moins des accidents à cet endroit. Personnellement j'étais prêt à jeter les cailloux à la place de ma tante et ma soeur, finalement, en choisissant bien nos horaires, nous avons pu jeter très facilement nos cailloux sans aucun problème.

Journée du 12 Dilhija 1422 (24/2/2002) , "thani ayam tachrike"


Cette journée est identique à la précédente. Le pélerin a cependant le droit, après avoir jeté les jamarates, de retourner à Makka à condition d'avoir quitté Mina avant le coucher du soleil.

Journée du 13 Dilhija 1422 (25/2/2002), "thaleth ayam tachrike"


Pour ceux qui n'ont pu quitter Mina la veille avant le coucher du soleil, cette troisième et dernière journée de jet de pierre est identique à la précédente.
Cependant, après avoir jeté les 21 cailloux le pélerin a terminé le rituel de Mina, il peut retourner à sa convenance vers Makkah à son hotel pour se reposer et s'il ne l'a pas encore effectué, pour faire "tawaf al ifada" et "saay" entre Safa et Marwa.
Le rituel du Grand Haj est terminé. Le pélerin, en attendant le jour où il doit quitter Makkah, en profite pour faire un maximum de prières, il peut aussi faire ses achats de cadeaux qu'il ramènera avec lui au pays. Certains trouvent également ici l'occasion pour faire du commerce; ce n'est pas interdit par la religion à partir du moment où cela n'affecte pas l'exécution du rituel du haj.

Al Madina, ville du prophète

mosquée madinahCeux comme nous qui sommes arrivés directement à Makkah, nous avons commencé par l'essentiel, à savoir effectuer le rituel obligatoire du haj. Cependant, tous les pélerins profitent de leur présence en arabie saoudite pour aller visiter la deuxième mosquée sacrée en islam, la mosquée du prophète à Madinah. L'islam n'autorise de faire un voyage spécialement pour visiter une mosquée que pour aller vers l'une des trois mosquées : La mosquée du haram à Makkah, la mosquée du prophète à Madinah et la mosqué d'alaqsa à al qods (jerusalem). Une fois arrivée à la mosquée du prophète à Madinah, c'est l'occasion aussi de visiter la tombe du prophète.
Madinah est une ville merveilleuse ! il y règne un calme et une paix de l'âme, qui par certains côtés, dépassent le calme qu'on peut ressentir à Makkah. En effet, à Madinah, il y a moins de monde, la mosquée est spacieuse, très bien organisée et excellement entretenue, l'imam qui dirige la prière a une merveilleuse voix dans la lecture du Coran. Ajoutez à cela des habitants et des commerçants extrêmements sympathiques, Madinah est un véritable paradis de l'âme.
Après les prières du Fajr et du Maghreb, s'organisent des cercles d'études islamiques autour de savants de très haute qualité. Certains cercles apprennent le Coran ou sa lecture sous la houlette d'un cheikh connaisseur du Coran. On peut aussi à tout moment aller dans l'une des grandes salles et nombreuses salles de lecture de la grande bibliothèque située en plein centre de la mosquée. Chaque salle de lecture est consacrée à un type de livres et de science islamique : Coran, Hadith, Fiqh, etc.
Personnellement, j'adorais d'abord assister aux cercles d'études islamiques et s'il n'y a pas de cercles, j'allais m'assoire dans "mon paradis". Il s'agit d'un endroit de la mosquée à ciel ouvert mais qui est équipé de très beaux et grands parapluies actionnés mécaniquement et qui sont déployés ou repliés suivant le temps qu'il fait ... Cet endroit ensoleillé, aéré et richement et finement décoré est vraiment enchanteur, c'est une vrai invitation à la prière et la méditation. En un mot, à Madinah comme à Makkah prier Dieu devient un vrai plaisir de l'âme mais également des sens, surtout les yeux et l'ouie sans parler de l'eau de zamzam partout disponible et dont on ne se lasse jamais.
A propos des plaisirs des sens, j'ai pu découvrir d'autres plats que nos classiques mets marocains. Ainsi j'ai connu la taamya égyptienne, le foul et tamisse indiens (foul : fèves très cuites, tamisse : très bon pain cuit d'une manière très original collé au mur du four !) J'ai également appris à apprécier le thé noir au lait, moi qui ne jurait que par du thé vert à la menthe !

Conclusion ...

En conclusion sachez que le haj est un plaisir des sens et de l'âme. C'est une expérience spirituelle inégalée et inestimable. Bien préparé, bien exécuté et correctement suivi, il n'est jamais une simple parenthèse dans la vie d'un musulman mais bien un point d'inflexion et un tournon important. Il marque le retour à Dieu et l'ascension du chemin menant vers Dieu, un chemin plein de bonheur ici bas et surtout au delà ... La vie, ses soucis et ses problèmes obscurcit notre âme et met un voile de tristesse sur notre coeur, le haj et l'occasion d'enlever ce voile qui durcit le coeur et l'occasion de trouver du plaisir et du bonheur à faire ses cinq prières par jour. A ce moment-là on commence à comprendre pourquoi le prophète trouvait son bonheur dans la prière et disait à Bilal le moueddine "arihna biha ya bilal" ("Bilal, fait nous reposer avec la prière").
Que Dieu garde la Kaaba un havre de paix vers lequel retournent les âmes assoifées de communion avec Dieu et
Que Dieu récompense nos frères et soeurs saoudiens qui font un travail magnifique pour faciliter le haj et garder les lieux saints à Makkah et à Madinah dans un état d'entretien et de propreté propice à la prière et au repos de l'âme.
Finalement, prions Dieu pour que le troisième lieu saint de l'islam, la mosquée al aqsa soit libérée du joug du sionisme et que nos frères et soeurs palestiniens soient sauvés de la machine de guerre sioniste qui n'épargne ni femmes, ni viellards ni enfants. Aamine !

Le Derwich de Zagora

Source photo : Derwish Painting- Ibrahim Savas Pekdemir
La suite de la nouvelle "La Toile Filante". Texte écrit en décembre 1999. Les Seigneurs de la Toile ont failli détruire l'humanité. Heureusement une civilisation extra-terrestre bienveillante n'est pas loin. 
 

Résumé de l'épisode précédent

Deux jeunes surdoués en mathématiques et en informatique, Marwane Hamidi et Marc Boilot (M2 pour les intimes),  ont été contactés par une communauté de surdoués qui se donnent comme nom "Les Seigneurs de la Toile". Ces  jeunes idéalistes, ont bâtis une cité virtuelle avec ses maisons individuelles, ses bâtiments administratifs ainsi que son système politique. Les "Seigneurs de la Toile" veulent guérir le monde des risques de la société d'information en piratant les ordinateurs du monde entier pour mieux les protéger avec des codes inviolables. Malheureusement certains terroristes néo-nazis, qui avaient été au préalable admis parmi les Seigneurs de la Toile et qui ensuite ont été radiés risquent de précipiter le monde dans le chaos. En effet, après leur radiation de la Cité des Seigneurs de la Toile, ils ont réussi à se coaliser et à casser le système sécuritaire de la Cité. Pire, ils ont réussi à trouver les codes d'accès à certains ordinateurs qui contrôlent une partie de l'arsenal nucléaire américain. Marwane avec ses amis Marc et Suen ont été désignés par leurs homologues pour combattre les terroristes. Ils ont réussi dans leur mission mais on ne sait pas comment. Ce deuxième épisode éclaire d'un jour nouveau la bataille que se sont livrés les représentants de la force du bien et du mal et montre comment le monde était à deux doigts de sombrer dans le désastre et la désolation s'il n'y avait une intelligence extraterrestre qui veille sur l'humanité.

La bataille de Salé

Marwane installé dans la salle des ordinateurs du CRTS (Centre Royal de Télédétection Spatiale) de Salé est absorbé par le programme antivirus qu'il est en train de confectionner en fonction des informations préliminaires que son ami Marc a pu rassemblé sur les terroristes. Tout en grignotant un sandwich, il tape les instructions du programme qui sera mouliné par une grappe d'ordinateurs d'une puissance phénoménal afin de neutraliser les bombes logiques semées ci et là par les néonazis. Un bip sonore sortant du haut parleur de son ordinateur l'avertit que l'un de ses amis  veut le contacter par "chat". Marwane se connecte à la salle de discussion et se rend compte que c'est Suen qui l'appelle. Marc ne tarde pas à les joindre également.
 
  • Marwane dit : où en es-tu Suen, tu les as localisé ?
  • Suen dit : oui, mais  je n'ai pas une nouvelle agréable à t'annoncer : ils ont élu domicile ici au Japon profitant d'un trou de sécurité de la Nippon Telecom (le premier opérateur télécom au Japon) ils se sont accaparé de toute la bande passante de la Nippon Telecom. La mauvaise nouvelle c'est qu'apparemment ils ont découvert notre action. La preuve c'est qu'ils s'attaquent maintenant à tes ordinateurs au Maroc :-(
  • Marc dit : elle a raison Suen, on est découvert, moi ici à l'Aérospatiale de Toulouse, j'ai été neutralisé. Mon ordinateur est entièrement sous leur contrôle. Je vous contacte maintenant à partir d'un micro-ordinateur lié à la Toile mais sans aucune puissance de calcul valable.
  • Marwane dit : OK, la situation est grave, nous avons sous estimé nos ennemis. mais je crois que la situation n'est pas désespérée.  Marc, je suggère que tu prennes l'avion et tu viennes me rejoindre ici au CRTS à Salé, on travaillera ensemble avec les ordinateurs puissants de la Météo Nationale. Toi Suen, tu as fait ce qu'il fallait faire : les localiser, la balle est maintenant dans notre camp, Moi et Marc. A toute!
Trois heures plus  tard, Marc se trouve déjà à côté de Marwane et tous les deux s'attaquent au problème. Ils élaborent une stratégie commune : les pirates essayent en ce moment même de casser le mur de feu (fire wall, programme qui empêchent les intrusions dans un système informatique). M2 (Marwane et Marc) savent que le mur résistera tout au plus 30 minutes supplémentaires. Ils installent alors derrière le mur de feu un programme qui identifie les virus informatiques qui s'introduiront dans le système après que le mur de feu ait rendu l'âme. Ensuite, il faut s'atteler à la tâche de neutraliser un à un tous les intrus ainsi détectés. Neutraliser un virus n'est pas une chose aisée, mais on peut schématiser leur démarche de la manière suivante : M2 écrivent un programme qui leur indique la structure interne du programme virus. Ensuite, il conçoivent un programme qui crée une structure complémentaire du virus qui viendra "épouser" les contours "saillants" de celui-ci pour les neutraliser. De cette manière, le virus devient complètement inoffensif et ne répond plus aux commandes du pirate qui l'a conçu. Le plan de M2 a parfaitement fonctionné : ils ont pu neutraliser en l'espace d'un après-midi une quinzaine de virus de plus en plus complexes. Les pirates ayant constaté que leurs tentatives de s'emparer du système du CRTS ont échoué, décident alors de parlementer. Ils établissent alors une communication audio via la Toile avec M2.
 
  • "Bravo, vous avez pu nous tenir tête jusqu'à maintenant, qui êtes vous déjà?" Dit la voix du pirate qui sort du haut parleur de l'ordinateur de Marwane.
  • "Mon nom c'est Marwane Hamidi et mon ami c'est Marc Boilot, et vous, qui êtes vous?"
  • "Ah je me doutais que j'avais affaire à M2, on se connaît déjà, je suis Heinrich Mayr. Te souviens-tu de moi?" dit le pirate.
  • "Oh oui je me rappelle très bien de toi, ça ne t'as pas suffit de provoquer la deuxième guerre du golfe maintenant, c'est une guerre mondiale que tu veux provoquer?" rétorqua Marwane.
  • "Ecoutes, ça c'est de l'histoire ancienne, maintenant j'aimerai qu'on travaille ensemble. Vous deux et moi avec mes amis, on peut gagner ensemble et gouverner le monde entier." Dit Heinrich.
  • "Je n'ai aucune envi de gouverner le monde et encore moins de travailler avec toi" dit Marwane.
  • "Tu travailleras avec moi que tu le veuilles ou non! Tu sais que Sirius est entre mes mains et tu sais qu'en ce moment j'ai programmé deux missiles nucléaires vers deux destinations : Washington et Casablanca, près de chez toi il me semble. Il suffit que je clique avec ma souris sur un bouton et le tour est joué, qu'est ce que t'en penses?" dit Heinrich
  • "Mais tu es complètement malade, à quoi ça t'avance d'envoyer tes ogives nucléaires sur des gens innocents?" cria Marwane?
  • "Ecoutes, je n'avais pas programmé Casablanca au début, ce que je voulais faire en bombardant Washington c'est uniquement prouver au monde que je suis capable de mettre à genou la superpuissance américaine. Les états se décideront alors à m'écouter et à accepter le gouvernement mondial que je désignerai. Mais si tu refuses de collaborer avec moi je te détruirai toi aussi." dit Heinrich.
Marwane se rend compte qu'il est en face d'un criminel fou capable des pires atrocités pour satisfaire ses désirs. Il sait que Suen a déjà localisé le QG de Heinrich avec précision et il sait qu'Interpol appuyée par des unités d'élite de l'armée américaine sont déjà sur le chemin pour appréhender ce dangereux criminel. S'il s'avère qu'il a effectivement pris possession des missiles nucléaires, il faut absolument éviter tout risque de le pousser vers un acte de désespoir. Marwane change de ton:
 
  • "Heinrich, supposons que j'accepte de travailler avec toi, qu'est ce je vais avoir en échange de ma collaboration?" dit Marwane.
  • "Voilà qui est bien parlé! je vois que tu es raisonnable. Tu peux avoir tout ce que tu voudras, le monde entier sera à nous! ..." dit Heinrich tout excité. Soudain il s'interrompit puis dit d'un air furieux : "Espèce de salaud ! depuis tout à l'heure, tu essaies de gagner du temps pour que tes gorilles viennent me prendre ici. Je les vois sur mon écran entrer dans l'immeuble, tu l'auras voulu, je clique sur le bouton, adieu Marwane!"
Ces dernières paroles ont  jeté une chape de plomb sur M2 : ils sont restés paralysés pendant quelques secondes avant d'être tirés de leur torpeur par la sonnerie du portable de Marwane. Le correspondant lui annonce la capture de Heinrich Mayr. Marwane se jeta sur son clavier et se connecte à l'Ordinateur du DOD que les Seigneurs de la Toile ont baptisé Sirius. Il vérifie les dires de Heinrich: effectivement une attaque nucléaire a été bien déclenchée : deux missiles ont été lancés, les coordonnées des cibles correspondent effectivement aux villes de Washington et Casablanca. La première sera atteinte dans dix minutes et la deuxième quinze minutes plus tard. Marc s'écria horrifié: "n'y a-t-il pas un moyen de les arrêter ces missiles?". Marwane répond avec une voix qui a l'air de provenir d'un tombeau : "Non, il est trop tard pour programmer des antimissiles pour les détruire en vol et de toute façon même cette méthode aurait des conséquences catastrophiques elle aussi". M2 sont restés cloués à leur chaises ne sachant quoi faire, les deux têtes nucléaires qui vont tomber dans quelques minutes sur des milliers de gens innocents ont chacune une puissance cinquante fois supérieure à celle de la bombe d'Hiroshima ou Nagasaki.
Tout le monde aux Etats Unis comme au Maroc est pris de court, aucune alarme n'est déclenchée, aucun plan d'urgence n'a pu être lancé : les gens ignorent complètement ce qui allait leur arriver et le peu de responsables des deux pays présents au CRTS qui sont au courant de l'affaire sont encore sous le choc et n'ont pas esquissé la moindre réaction ...


Le derwich de Zagora

Tagounite, un petit village aux confins du Sahara marocain, entre les villes de Ouarzazate et Zagora. Il fait très chaud, 45° à l'ombre et il n'y a pas une âme qui s'aventure dehors en cette période de la journée. Même la prière de la mi-journée dont l'heure canonique coïncide avec le début de descente du soleil après son passage au zénith, même cette prière est retardée jusqu'à sa dernière heure légale. En effet, dans ces coins reculés du Maroc, la vie est rythmée par les horaires des cinq prières de la journée. Ces horaires sont déterminés par le mouvement apparent du soleil. La première prière a lieu avant le lever du soleil, au moment ou les premiers rayons, venant d'un soleil encore sous l'horizon, sont réfractés par l'atmosphère et viennent chasser petit à petit la nuit. Après cette prière, les gens prennent leur petit déjeuner et vaquent à leurs occupations. La seconde prière a lieu juste après le passage du soleil au zénith. Le repas de midi est pris juste après cette prière et ensuite les gens prennent une sieste jusqu'à l'heure de la troisième prière. Celle-ci s'effectue au moment où l'ombre d'un baton  planté verticalement au sol a une ombre ayant une longueur double de la longueur du baton. Après cette prière les gens retournent à leur travail pour l'après-midi. La quatrième prière a lieu juste après le coucher du soleil.  Les agriculteurs et les artisans arrêtent leur travail après cette prière tandis que les commerçants continuent à ouvrir leurs boutiques jusqu'à l'heure de la cinquième et dernière prière de la journée. Celle-ci a lieu quand le ciel est entièrement noir et que le dernier rayon crépusculaire disparaît. Après cette prière, le village s'assoupit et s'apprête  à passer une bonne nuit de sommeil. Cette vie rythmée par le soleil est une caractéristique des sociétés musulmanes dont la vie est cadencé par les astres du jour et de la nuit. Le soleil règle les prières de la journée et la lune fixe les dates des fêtes annuelles. Les signes marquant les horaires des prières ont été conçus pour être facilement assimilés par un musulman moyen même n'ayant aucune instruction particulière. Cependant les juristes musulmans n'ont pas tardé à être confrontés à des problèmes pratiques qui les ont poussés à réévaluer les critères intuitifs marquants les heures de prières pour les remplacer par des critères astronomiques précis.  Ainsi le critère de la longueur d'ombre du bâton qui ne fonctionne réellement que dans les pays se trouvant proches des tropiques est remplacé par le degré d'inclinaison du soleil par rapport à son point le plus haut. L'observation directe de l'astre du jour est remplacé par des éphémérides qui donnent les horaires des prières. Certains juristes de l'Islam ont même poussé la réflexion pour se demander ce que seraient les horaires des prières aux deux pôles de la terre où le jour comme la nuit peuvent durer 6 mois. D'autres se sont posé la question des horaires des prières pour les astronautes voyageant dans l'espace ! En tout cas les habitants du village de Tagounite ne se soucient guère de ce qui se passe au pôle nord et encore moins sur la lune. lls sont plus préoccupés par les problèmes quotidiens d'eau et de sécheresse. Non loin du village, à quelques kilomètres, vit un homme seul dans un logis de pierres en plein désert à côté d'un point d'eau et de trois palmiers. Les villageois appellent cet homme pieux et très discret "un derwish". Le mot derwish signifie en dialecte marocain quelqu'un qui est gentil mais désigne également quelqu'un qui est de condition modeste. Les membres de certaines confréries sont également appelés derwish car ils se consacrent à Dieu et ne prêtent pas attention à leur condition matérielle qui reste modeste. Notre homme, le Derwish, s'est établit à cet endroit il y a une dizaine d'années et il entretient très peu de contacts avec les habitants du village. Une fois par mois (le dernier vendredi du mois), un habitant du village vient le chercher pour l'emmener, à dos de chameau, vers la ville de Zagora où il va à la poste chercher de l'argent. On dit qu'il a fils ou un parent lointain qui lui envoie l'argent chaque mois. Ensuite, il revient au village pour participer à la prière de vendredi. Après la prière, il fait ses provisions pour le mois puis retourne chez lui pour un autre mois de solitude et de méditation. Les rumeurs des villageois font état de toute sorte de récits fantaisistes à propos du Derwish et très souvent ils meublent leurs soirées en racontant des histoires extraordinaires à son sujet. Toutefois, les villageois ne perçoivent pas le Derwish comme un homme méchant mais plutôt comme un saint qui fait des miracles. Par exemple, certains affirment l'avoir vu en chair et en os à plusieurs centaines de kilomètres du village alors que les gens qui sont restés au village affirment qu'il n'a pas quitté sa demeure. D'autres affirment que le Derwish est capable de dompter les forces de la nature comme attirer la foudre les jours d'orage par une espèce d'antenne planté sur un palmier. Les quelques rares personnes qui ont visité l'intérieur de sa demeure racontent qu'elle est constituée de deux pièces et un coin cuisine. Une des deux pièces est à la fois bibliothèque et salle de prière. On y trouve également un lit de camp pour dormir. La seconde pièce contient des appareils électroniques et des ordinateurs alimentés par énergie solaire comme en attestent quelques plaques noires plantées sur le toit de la maison. Les villageois connaissent l'électricité produite par les plaques solaires car certains riches habitants à Zagora ont installé ce système pour produire de l'électricité bon marché dans une région où il y a un soleil permanent presque toute l'année. On raconte que le Derwish passe ces nuits dans la prière et la méditation tandis que dans la journée il est absorbé par ses bouquins et ses appareils électroniques. On l'aperçoit également très souvent en train contempler pendant des heures le ciel étoilé.
Pendant que les villageois étaient assommés par le soleil de plomb et profitaient d'une bonne sieste, le Derwish n'est pas au lit: Il s'activait fébrilement sur les claviers de ses appareils électroniques et nul au monde ne peut se douter un seul instant que cet homme humble en plein désert marocain vient de sauver le monde d'une catastrophe nucléaire sans précédent.


Le déclin des Seigneurs de la Toile

  • Le Président : c'est avec joie que je déclare solennellement l'ouverture de cette réunion extraordinaire du Conseil en présence de tous les Seigneurs de la Toile. Je cède tout de suite la parole à Marwane, Marc et Suen.
  • Marwane : " je parlerai au nom des mes amis Marc et Suen. Nous avons certes réussi à juguler les forces du mal et le terroriste Heinrich Mayr avec ses complices sont maintenant entre les mains de la justice, mais ..." Marwane s'interrompt un instant.
  • Le Président : continues Marwane, racontes-nous tous ce que vous savez.
  • Marwane : Justement, nous ne savons rien ... ou plutôt si ! En fait nous sommes sûr d'une chose : avant d'être appréhendé par Interpol, Heinrich a eu le temps de lancer deux ogives nucléaires en direction de Washington et Casablanca. Toutes les alarmes étaient au rouge et nous nous attendions à la fin du monde d'une minute à l'autre quand, subitement, six minutes et cinq secondes exactement après le lancement des missiles stratégiques, ceux-ci ont disparu des écrans radars et tous les voyants sont redevenus verts.
  • Le Président : comment ça disparu? ils ont été détruits, était-ce une fausse alerte?
  • Marwane : Non ce n'était pas une fausse alerte, le DOD confirme bien la disparition sur place de deux missiles, les enregistrements radars sont également formels et il n'y a aucun doute là-dessus : deux missiles nucléaires stratégiques américains ont bien été lancés à partir du Japon pour ensuite disparaître quelques minutes après leur lancement. Comment ils ont disparus, qui les a fait volatilisés, nous n'en savons rien.
  • Hans Hoffman : Excusez-moi ... on vient de détecter une attaque contre notre firewall, quelqu'un essaie de s'introduire dans la salle de Conseil.
  • Le Président : est-ce une attaque virale?
  • Hans : ça y ressemble, mais la personne qui est derrière cette attaque n'a apparemment pas de mauvaises intentions, car ses programmes n'ont aucun effet de bord sur nos système... il essaie tout simplement de nous alerter qu'il arrive, mais nous ne pouvons pas l'empêcher de le faire. Il ne va pas tarder à surgir parmi nous.
A ce moment là, une image de synthèse d'un étranger aux Seigneurs de la Toile fait son apparition au beau milieu de la salle. L'étranger prend aussitôt la parole:
  • L'étranger : Pardonnez-moi de vous interrompre dans votre discussion et permettez-moi de participer à votre réunion même sans y être invité.
  • Le Président : qui êtes vous et que voulez-vous?
  • L'étranger : qui je suis réellement n'a pas d'importance, certains m'appellent "Le Derwish", vous pouvez utiliser ce nom. Quant à l'objet de ma visite, j'aimerais vous entretenir du grave incident nucléaire provoqué par l'un des vôtres.
  • Le Président : si vous voulez parler de Heinrich Mayr, il  a été radié de notre communauté il y a longtemps.
  • Le Derwish : Je sais, mais cela ne l'a pas empêché de commettre ses forfaits et il était sur le point d'anéantir des millions d'innocents et précipiter la planète entière dans le désordre et la désolation.
  • Marwane : c'est vous qui avez intercepté les deux missiles?
  • Le Derwish : Oui , nous suivions de très près la situation et nous avons dû intervenir quand nous avons constaté que la situation vous échappait totalement.
  • Le Président : qui que vous soyez, nous vous remercions de ce que vous avez fait pour l'humanité.
  • Le Derwish : je ne suis pas là pour les remerciements, je suis parmi vous discuter avec vous et porter un jugement critique sur votre communauté et vos méthodes.
  • Le Président : Je vous en prie Monsieur, qui êtes vous pour nous juger?
  • Le Derwish : Et qui êtes-vous pour décider seuls du sort de l'humanité entière. Qui vous donne le droit de décider et de parler au nom de toute l'humanité? Vos quotients intellectuels élevés et vos talents de surdoués en mathématiques ne vous donne certainement pas la prérogative de confisquer la liberté de choix de l'humanité, toute l'humanité! Un Homme quelque soit son niveau intellectuel et son statut social a le droit de décider de son propre sort et la Terre n'est la propriété privée d'aucune minorité, même bien intentionnée et super intelligente. Vous avez créé un système élitiste basé sur le quotient intellectuel et régie par des idéaux qui sont certes intéressants, mais ils n'ont pu résister au côté obscur de l'homme et sa soif de pouvoir. Que vous le vouliez ou non, Heinrich a été l'un des vôtres et il a défendu et protégé vos idéaux avant de sombrer dans le côté obscur de l'homme. Le pouvoir est un puissant générateur de despotisme s'il n'est pas régulé par des mécanismes démocratiques saints. Il fallait s'attendre à ce que la cité des Seigneurs de la Toile produisent des personnes comme Heinrich et elle en produira d'autres si vous n'y faites pas attention.
  • Le Président : Je veux bien vous suivre dans votre raisonnement mais qu'est ce que vous nous suggérez?
  • Le Derwish :  Il ne m'appartient pas de vous dicter votre conduite ni de réfléchir à votre place. Je me contenterai de souligner le dysfonctionnement et à vous d'en tirer les conclusions qui s'imposent.
  • Le Président : nous vous écoutons avec grand intérêt.
  • Le Derwish : La concentration du pouvoir entre les mains d'une minorité, quelques soit son degré d'intelligence et de bonne foie, est dangereux. Tous les totalitarismes que l'humanité a connu viennent de personnes qui veulent "le bien" du monde mais imposent, par la force,  leurs idées à leurs congénères. L'homme est potentiellement autodestructeur. Pour s'en convaincre pensez à toutes les personnes intelligentes et tout à fait conscientes des dangers du tabac et qui fument malgré tout. Cette tendance autodestructrice est régulée à l'intérieur d'une communauté et plus la communauté est grande et fonctionne de manière démocratique, moins il y a de chance de déviations dévastatrices. Ceci s'explique par le fait que les faiblesses des uns sont compensées par les points forts des autres et une mauvaise idée a moins de chance de passer dans une large communauté qui s'exprime librement. Et même si des erreurs sont commises, la leçon est vite et mieux comprise par une large communauté que par un individu ou un groupe restreint. Plus on élargit la base communautaire, en respectant les règles démocratiques,  plus les mécanismes sociaux de régulation sont efficaces. Dans le cas de l'humanité cette communauté de décision ne peut être restreinte à un peuple ou une minorité ethnique ou intellectuelle. La seule issue viable est d'établir une seule communauté planétaire où tous les peuples et tous les individus sont impliqués dans le processus de décision. La diversité des cultures et des intérêts des hommes feront que toute décision prise à la majorité de tous les terriens a toutes les chances d'être bonne. Cela sous-entend évidemment une vrai liberté d'expression et une information objective et indépendante et non pas une pseudo-démocratie basée sur l'argent.
  • Le Président : Un programme intéressant mais comment le réaliser?
  • Le Derwish : je n'ai pas de solution miracle ni de recette à vous suggérer mais une chose est sûr la communauté des Seigneurs de la Toile n'est pas une réponse adéquate aux maux de l'humanité. Les faits ont même montré qu'elle peut les aggraver. A vous de trouver une alternative à la lumière de ce que j'ai avancé.
  • Le Président : nous en débattrons plus tard. Sur un autre registre, pourriez-vous nous éclairer sur le sort des deux missiles portés disparus.
  • Le Derwish : la réponse à cette question constitue le deuxième objectif de ma visite après celui que je viens d'exposer à propos de votre communauté.  Je ne peux malheureusement pas être très explicite techniquement sur le sort des deux bombes nucléaires. Ce que je peux vous dire c'est que les deux bombes ont bien explosé, nous ne pouvions pas empêcher cela. Tout ce que nous avons pu faire c'était de dévier leur trajectoire et les rediriger vers une autre dimension de l'hyperespace. Nous avons pu éviter la catastrophe nucléaire sur terre mais les conséquences sont loin d'être nulles.
  • Le Président : c'est-à-dire?
  • Le Derwish : D'après nos calculs des perturbations légères sur la trajectoire de la terre peuvent être constatés dans les prochains mois ou années.
  • Marc : Je ne vois pas de quoi vous parlez, la relativité général parle certes de l'espace temps à quatre dimensions, mais je ne vois pas de quelle dimension vous voulez parler.
  • Le Derwish : ce n'est pas du côté de la relativité générale que vous trouverez la solution, il faut voir du côté des théories de grande unification entre la mécanique quantique et la relativité générale où on parle d'espaces à dix dimensions et plus. Je réitère ce que j'ai dit tout à l'heure, je ne peux expliquer d'avantage cet aspect des choses. Il y a des limites à nos interventions dans les affaires humaines. Mon message est simple : nous avons évité la catastrophe nucléaire mais nous ne pouvions éviter d'autres conséquences prévisibles sur la trajectoire de la terre et par conséquent sur son climat. Les  quelques années à venir vont perturber totalement tout l'ordre établi sur Terre, profitez-en pour changer votre système en faveur des idées que j'ai défendues tout à l'heure. Vous allez passer par des moments très difficiles mais nous avons confiance dans le génie des humains.
  • Marc : pourriez-vous nous expliquer comment vous mettez en échec aussi facilement toutes nos sécurités informatiques?
  • Le Derwish : Oh ça c'est assez simple ! Vous surveillez essentiellement les connexions réseaux de vos ordinateurs et l'intégrité des systèmes d'exploitations mais vous ne faites jamais attention à un autre type de connexion permanente et indispensable à tous vos systèmes : le réseau électrique. Vous le savez sûrement autant que moi que la plupart des réseaux électriques mondiaux sont interconnectés comme sont connectés les réseaux d'ordinateurs. Le courant électrique véhiculé par ces réseaux électriques planétaires nous sert de "porteuse" à nos signaux qui arrivent alors en toute sécurité et discrétion à tous les ordinateurs du monde entier. Mieux encore, puisque nos signaux investissent les ordinateurs à partir de leurs alimentations électriques, nous pouvons attaquer directement la mémoire des ordinateurs en court-circuitant le contrôle des systèmes d'exploitations et des logiciels de sécurité.
  • Marc : Astucieux ... et de cette manière, vous pouvez même attaquer les ordinateurs non connectés aux réseaux informatiques mais qui sont nécessairement connectés à une prise électrique !
  • Le Derwish : Exactement !
  • Le Président : Mais qui êtes-vous au juste? vous êtes un homme? un extra-terrestre?
  • Le Derwish : je ne peux répondre à cette question aujourd'hui, mais un jour viendra où l'humanité saura qui nous sommes. Mais pour cela, l'humanité doit encore mûrir pour être prête à nous comprendre.
  • Le Président : A votre avis, elle est encore loin cette échéance?
  • Le Derwish : Non au contraire, je crois que c'est pour bientôt.
Sur ce, la photo de synthèse du Derwish disparaît laissant les Seigneurs de la Toile plongés dans leurs réflexions pendant quelques secondes avant que tout le monde commence à parler en même temps. Un long débat houleux s'est alors engagé entre les Seigneurs de la Toile. Certains sont d'accord avec le Derwish et proposent tout simplement la dissolution de la Cité. D'autres proposent au contraire de continuer dans la même  voie, mais aucune décision n'est prise et le débat est ajourné jusqu'à une date ultérieure. Quelques jours plus tard, M2 décident de se rencontrer à Casablanca : ils se sont donnés rendez-vous au restaurant du port  pour manger quelques bonnes spécialités de poissons et discuter des événements étranges qu'ils viennent de vivre. A table, le dialogue suivant s'engage entre les deux amis de longue date:

  • Marwane : tous ces événements m'ont complètement perturbé, je n'arrive plus à dormir et les paroles de ce Derwish ne cessent de raisonner dans ma tête.
  • Marc : moi j'ai décidé de faire le vide dans ma tête, je ne pense plus du tout à ça. D'ailleurs j'ai décidé de décrocher et de passer au vert.
  • Marwane : c'est-à-dire?
  • Marc : je vais me marier ...
  • Marwane : pour une surprise s'en est une ! mes sincères félicitations ! mais attends ! laisses-moi deviner le nom de l'heureuse élue... hum ... ça y est j'ai trouvé ! tu vas épouser Mademoiselle Mangepin !
  • Marc : arrêtes, on me l'a déjà faite celle là :  Boilot avec Mangepin : Boit-l'eau et mange-pain!
  • Marwane : sérieusement alors c'est qui l'heureuse élue, je la connais?
  • Marc : Oui, c'est Suen ...
  • Marwane : je suis vraiment content pour vous deux ! mes sincères voeux de bonheur et tu me promets d'être le parrain de ton premier enfant.
  • Marc : d'accord, mais il faudrait que tu te décarcasses un peu pour venir chez nous car nous allons habiter à Pékin !
  • Marwane : eh ben dites donc !
  • Marc : oui j'ai trouvé un boulot dans la multinationale où travaille Suen pendant mon dernier déplacement à Pékin. J'ai adoré cette ville et ses habitants, les chinois sont un grand peuple et leur philosophie me fascine!
  • Marwane : je vois ... En plus, toi qui adore les arts martiaux tu dois être là bas comme un poisson dans l'eau.
  • Marc : c'est vrai, j'ai rencontré Maître Kway Katamara dans son dojo dans la banlieue pékinoise. Tu sais je t'en avais parlé, il était  le disciple favori du grand Maître Gichin FUNAKOSHI le fondateur du karaté moderne.
  • Marwane : oui je m'en souviens.
  • Marc : et toi Marwane qu'est ce que tu as décidé de faire?
  • Marwane : question boulot, rien de changé, je reste pour l'instant sur Casa. Pour ce qui est du mariage mes parents ne cessent de dire qu'ils souhaitaient voir leurs petits enfants et qu'un jeune homme de bonne situation comme moi devrait compléter sa religion en se mariant. Tout bon musulman devrait se marier le plus tôt possible dès qu'il en a les moyens. Les histoires d'amour et tous ça ils ne connaissent pas. Pour eux l'amour vient après le mariage, pas avant!
  • Marc : Mais tu peux leur proposer la personne que tu aimes?
  • Marwane : Oui, mais la question n'est pas là, le problème c'est que le mariage ne me dit pas grand chose pour l'instant. J'aimais une cousine quand j'étais jeune et je crois qu'elle m'aimait aussi. Mais quand je faisais mes études en France, ses parents l'ont obligé à se marier avec quelqu'un de bonne famille qui a demandé sa main. Elle n'a pas pu refuser, mais je crois que finalement, elle n'est pas malheureuse. Son mari l'aime et ils ont un magnifique garçon, ils ont l'air heureux.
  • Marc : et toi t'es malheureux ?
  • Marwane : non, moi je suis heureux quand je plonge dans mes recherches et je ne pense plus au mariage pour le moment.
  • Marc : tu penses à quoi alors?
  • Marwane : à ce Derwish...
  • Marc : Tous ça c'est de l'histoire ancienne, laisses tomber!
  • Marwane : non, je ne peux pas laisser tomber, je dois savoir le mystère qui se cache derrière. D'ailleurs ce qu'il nous a annoncé comme modification dans le climat terrestre m'inquiète un peu, je veux dire m'inquiète beaucoup...
  • Marc : Te bourres pas le crâne avec ces sornettes, ses histoires d'hyperespace ne m'ont pas convaincu. La seule chose qui m'a convaincu, c'est le système d'intrusion via le réseau électrique.
  • Marwane : et comment expliques-tu la disparition des missiles nucléaires?
  • Marc : je n'ai pas d'explication précise, mais peut être une erreur de programmation les a fait échouer en plein océan pacifique.
  • Marwane : si c'était vrai, nous aurions eu quelques traces ou quelques indices. Une explosion nucléaire, même en plein océan, ne passe pas inaperçue.
  • Marc : t'as peut être raison, mais en tout cas, moi je trouve que cette explication est meilleure que l'histoire à dormir debout de l'hyperespace.
  • Marwane : changeons de sujet s'il te plaît! dis-moi, vous allez vous marier où ? à l'église ou dans un temple chinois?
  • Marc : Ah, bonne question ! ...
 Laissons les deux amis continuer leur discussion et transportons-nous cinquante ans plus tard dans une magnifique cité...
 

2047, Paryork City

Paryork City est une ville de 20 millions d'habitants située au coeur du continent africain dans l'ancien désert du Ténéré et qui est actuellement une terre fertile avec des précipitations moyennes annuelles dépassant les 2000 mm et qui abrite une flore et une faune très diversifiées. Le nom de cette ville est la contraction des anciennes villes Paris et  New York. Actuellement, ces villes n'existent plus et leur emplacement est couvert par plusieurs centaines de mètres de glace. En effet, les calottes polaires nord et sud ont progressés de manière spectaculaire  jusqu'à envahir toutes les régions comprises entre le 40ème parallèle et le pôle nord ou sud. Tout le continent européen et une bonne partie du continent nord américain et tout le nord asiatique sont devenus un grand désert de glace inhabitable par l'homme. Quelques rares populations se sont adaptées et vivent sur ces terres à la manière des anciens esquimaux. Par contre les anciennes régions désertiques et tropicales du globe terrestre ont maintenant un climat tempéré avec les quatre saisons classiques. Que s'est-il passé sur Terre, les ères géologiques se comptent en millions d'années et on ne peut concevoir une ère de glaciation qui s'installe en l'espace d'un demi siècle. Les historiens de la terre datent le début du cataclysme qui a changé la surface et le climat de la terre à l'année 1997 où les astronomes ont constaté une légère perturbation de la trajectoire terrestre autour du soleil. Deux années plus tard cette perturbation s'est confirmée et finalement s'est stabilisée en un mouvement d'éloignement perceptible de la terre qui fuit le soleil, lentement mais inexorablement! L'ellipse décrite par la terre autour du soleil s'aplatissait petit à petit. Tout le monde était pris de panique et on commençait à redouter le pire : si la terre n'arrête pas son mouvement d'éloignement du soleil, l'humanité mourra de froid ! Les spécialistes de la relativité générale n'étaient pas tous d'accord : certains affirment que la déformation de l'espace-temps suivi par la terre était divergente et va aller en s'accentuant, tandis que d'autres attestaient que ce mouvement va toucher une asymptote et finira donc par s'arrêter pour situer la terre à une distance moyenne du soleil de l'ordre de 200 millions de kilomètres, soit un allongement de 33% par rapport à la distance initiale. Les héritiers de Nostradamus trouvaient dans l'hypothèse de l'éloignement infini de la terre un support pour leur thèse sur la fin du monde avec la fin du 20ème siècle, mais les observations fines ont confirmé l'hypothèse de ralentissement de l'éloignement de la terre puis sa stabilisation à une distance moyenne de 200 millions de kilomètres. La terre a entraîné avec elle son satellite fidèle : la lune qui a gardé son diamètre apparent, par contre celui du soleil a diminué légèrement. La durée de l'année n'a pas changée de manière significative car la terre a accéléré sa vitesse dans sa nouvelle orbite autour du soleil, mais le calcul des années bissextiles a changé. Par contre la température moyenne sur terre a diminué d'une dizaine de degrés. Le climat a changé d'une manière irrémédiable : en une dizaine d'années, les précipitations de neige sur les régions entre les pôles et le 40ème parallèle ainsi que la pluviométrie abondante entre l'équateur et ce même 40ème parallèle vont changer la face du monde.
Mais les modifications sur terre ne seront pas que climatiques, le mouvement de population occasionné par ce changement climatique et la disparition de continents entiers sous la neige va changer également la face politique de la planète. En dix ans toute l'Europe et une bonne partie de l'Amérique du nord et de l'Asie du nord plus une partie du continent australien vont être englouti par la neige. Leurs populations vont émigrer vers les nouveaux pays tempérés qui étaient auparavant désertiques. Toutes les capitales des pays engloutis par la neige ont été transférés temporairement vers leurs ambassades dans les nouveaux pays tempérés. Le siège des nations unis est transféré temporairement à Los Angeles. Tandis que Washington, New York, Montréal, Moscou, Paris, Londres et toutes les capitales européennes sont sous 300 à 500 mètres de neige. Tous les monuments historiques : la statue de la liberté, la tour Eiffel, Big Ben, la tour de Pise, tous sont engloutis par la neige. Le monde s'est trouvé devant une situation paradoxale : plus de la moitié des états membres des nations unis se trouvent dépourvus de "pays" habitables et leur population se trouve réfugiée dans d'autres pays. Il fallait trouver une solution à ce problème épineux le plus rapidement possible. La guerre n'était pas une solution car le peu de terres habitables qui sont restées devait être préservé coûte que coûte et une solution intelligente et digne de la race humaine devait être trouvée. Des experts mondiaux se sont retrouvés au siège temporaire des nations unis à Los Angeles et se sont penchés sur une solution politique globale au problème qui était fort simple : d'un côté un certain nombre de pays fantômes détenaient l'argent : ils ont pu sauver leur stock d'or des banques centrales dans des endroits sûrs en zones tempérées; et détenaient la technologie : ils ont sauvé les plans et tous les secrets de leurs industries dans des supports électroniques qu'ils gardent jalousement avec leur stock d'or. D'autres part il y a des pays qui n'ont ni argent ni technologie de pointe mais qui ont ... la terre, une terre habitable et cultivable. Il faut donc trouver un compromis permettant de sauver la race humaine de la disparition totale si elle se livre à une nouvelle guerre mondiale.
Au bout de quelques mois d'intenses discussions techniques et politiques menées de front, l'humanité a trouvé une solution : dissoudre tous les gouvernements de tous les pays, faire disparaître toutes les frontières artificielles et constituer un gouvernement mondial de transition constitué des actuels gouvernants de la planète. Ce gouvernement organisera des élections mondiales pour choisir un  parlement planétaire qui lui même désignera le nouveau gouvernement mondial. Il n'y aura plus de différence entre les humains par leurs races ni leur religions. Un système démocratique et populaire avec une large autonomie aux unités régionales sera mis en place. La capitale de la planète sera temporairement Los Angles en attendant de bâtir une nouvelle capitale au coeur du continent africain : elle sera baptisée Paryork en souvenir des grandes métropoles  disparues New York et Paris. On construira d'ailleurs une réplique de la statut de la liberté et de la tour Eiffel dans cette nouvelle capitale. Au niveau économique, une seule monnaie a été mise en circulation : le Dinaro (certains y voient une contraction de Dollars, Euro , Dinar et Doro). Les quarante ans qui ont suivi cette unification ont connu une prospérité et un développement économique et culturelle de l'humanité sans précédent. La pauvreté a été éliminée en cinq ans, les épidémies en deux ans et l'analphabétisme en trois ans. Tout l'armement militaire et l'industrie militaire on été démantelés et éliminé en dix ans. Seuls sont restés quelques nouvelles armes légères (à rayons  lasers d'intensité réglable) utilisées par la police mondiale et les polices municipales.  La science et la technologie ont fait des progrès fulgurants mais sont systématiquement utilisés à des fins pacifiques dans l'intérêt global de l'humanité. Les industries polluantes sont exterminées et la terre a retrouvé un air pur et des grands espaces naturels. La population mondiale  a atteint 10 milliards d'habitants concentrés dans une surface habitable plus petite qu'avant. Cependant, les villes sont propres, sans pollution, et les déchets humains sont maîtrisés ce qui implique que  les villes du nouveau monde ont un air pur  mieux respirable que celui dans anciennes mégalopoles. Le choix a été fait de laisser un maximum d'espaces verts et des réserves naturelles de flore et de faune. Par conséquent les villes connaissent une forte concentration de la population mais qui est fort bien gérée. Au niveau du transport par exemple, le clivage transport en commun/véhicule particulier ne se pose plus. On a inventé des petits véhicules individuels  de formes circulaires avec quatre places. Ces véhicules, nommés "hemicar", sont disponibles en nombre suffisant à tous les coins de rue. Si quelqu'un veut aller d'un point de la ville à un autre , il monte dans l'un de ces véhicules disponibles gratuitement. Il ferme la porte et désigne sur un écran l'endroit de la ville où il veut aller. Le véhicule se met alors automatiquement en marche, s'insère dans une circulation très dense et se dirige en empruntant un chemin optimum vers la destination voulue. Les véhicules circulent tous avec la même vitesse dans un mouvement de groupe comme les cellules sanguines dans une artère humaine. Dans leur mouvement de groupe les véhicules se bousculent mutuellement et se heurtent aux parois de la route mais les passagers à l'intérieur ne ressentent aucune secousse ni aucun mouvement de rotation : un système complexe hydromécanique et électronique maintient en permanence l'habitacle intérieur stabilisé et bien orienté. La vitesse moyenne de ce flux de véhicules est de l'ordre de 80 km/heure avec un confort maximum et aucun accident de circulation n'est possible. L'énergie magnétique qui mue ces véhicules est puisée dans le sol des routes-artères qu'empruntent ces véhicules. Pour les transports inter urbains, des navettes automatiques à motorisation magnétique  transportent les gens gratuitement et confortablement entre les villes à une vitesse moyenne de 500 km/heure. Les bateaux et les avions ont disparus au profit de véhicules nouveaux : une sorte de catapultes magnétiques intercontinentale qui envoient des convois habités ou de marchandises entre deux points fixes dans des trajectoires paraboliques prédéfinies entre continents. Le trafic est important mais sans aucun risque d'accidents ni d'erreur de pilotage.
Nizar Maya saute dans le premier hemicar trouvé et compose machinalement les coordonnées de sa destination : 92, place de la galaxie, une adresse au centre de Paryork où siège le Conseil des Seigneurs de la Toile. Celle-ci est une association à but non lucratif qui était à l'origine une organisation secrète et élitiste. Depuis le grand cataclysme qui a modifié le climat de la Terre, cette organisation a changé de stratégie : elle est devenue un organisation non gouvernementale écologique à l'échelle de la planète. Elle rassemble environ vingt millions d'adhérents de toutes races et de toutes religions avec un seul objectif en commun : protéger la Terre et préserver cet îlot encore unique dans l'univers. En effet, l'exploration spatiale bien qu'ayant atteint quelques systèmes planétaires autour de quelques étoiles proches de la Terre, dans un rayon de 5 années lumières, la Terre, berceau de l'humanité, reste encore une perle rare. Tout laisse à penser que nous n'allons pas tarder à découvrir quelques planètes habitables, mais dans tous les cas, préserver la Terre reste une priorité. Les Seigneurs de la Toile ont participé en tant qu'experts aux négociations qu'il y a eu entre les anciens gouvernements de la Terre et ont présenté et défendue l'idée qui a été retenue de créer un gouvernement planétaire unique issu d'un parlement rassemblant les représentants de toute l'humanité. Depuis l'avènement effectif de nouvelles instances internationales, les Seigneurs de la Toile ont laissé le champ politique aux représentants légitimes des peuples et se sont alors concentrés sur des recherches et des réflexions à long terme concernant l'avenir de l'humanité. Nizar Maya est un jeune étudiant en physique théorique qui vient de présenter sa thèse sur le thème "Interprétation des dimensions supérieures dans la Théorie d'Unification". Nizar est né dans l'ex Mexique d'un père indien et d'une mère arabe. Après avoir fait ses études primaires et secondaires à Mexico, il est venu à la Grande Université de Paryork pour faire des études supérieures en physique théorique. Il était brillant et fût remarqué par son professeur de Théorie d'Unification, le Professeur Moran Gabovich, célèbre pour avoir formalisé avec un outil mathématique puissant et simple la Théorie d'Unification. Le professeur Gabovich était également lauréat du prix de la Terre, un prix qui, après le cataclysme, a été, instauré par le gouvernement mondial pour remplacer l'ancien prix Nobel et la Médaille Fields en mathématiques. Le professeur Gabovich accepte d'encadrer le jeune Nizar dans sa thèse sur L'interprétation de la Théorie d'Unification. En effet, la Théorie d'Unification a réussi à unifier la mécanique quantique avec la relativité générale. Elle a permis de réunifier deux pans de la physique  restés longtemps inconciliables : la gravitation à l'échelle de l'univers et les forces régissant les particules élémentaires. Pour se faire, la théorie d'Unification considère que les particules élémentaires sont en fait des cordes minuscules en perpétuelle vibration. L'espace dans lequel évoluent ces cordes est un espace qui peut être à 20,  à 30 dimensions ou plus ! Avec cette théorie, on arrivait à tout expliquer et on a eu finalement une physique unifiée. Le problème c'était la difficulté d'interpréter dans la réalité quotidienne toutes ces dimensions prévues par le modèle théorique. Tout le mérite du Professeur Moran Gabovich est justement de réduire le nombre de dimensions à 6 en utilisant un nouvel outil mathématique qu'il a développé. Parmi ces six dimensions, on retrouve les quatre dimensions de l'espace-temps d'Einstein mais les deux autres dimensions restent théoriques. Le professeur Gabovich a également le mérite d'établir des équations qui prédisent l'existence de particules élémentaires encore inconnues mais ayant des énergies raisonnables qu'on peut produire dans les accélérateurs de particules, contrairement à l'ancienne théorie qui ne prédisait que des particules tellement énergétiques qu'elles sont hors de portée de la technologie actuelle. Le jeune Nizar Maya a travaillé sur les dimensions supérieures et en a donné une interprétation pour le moins étonnante. Il exposa sa thèse devant le jury du département de physique théorique de la Grande Université de Paryork. Ses thèses ont été controversées mais l'appui du Professeur Gabovich mondialement connu, a fait penché la balance en faveur du jeune Nizar qui a pu décrocher son doctorat avec une mention honorable. Cependant, le professeur Gabovich, qui était par ailleurs, membre de l'Organisation des Seigneurs de la Toile, a invité le jeune Nizar à exposer sa thèse devant le Conseil des Seigneurs de la Toile. C'est la raison pour laquelle Nizar Maya va, ce jour-ci, au 92, place de la galaxie.


Colonisation de l'hyperespace

Nizar entre dans la salle de Conseil : un immense hémicycle où siègent les 2000 délégués des Seigneurs de la Toile avec à l'avant les sièges réservés à quelques personnalités honorifiques dont : le doyen des Seigneurs de la Toile : Marwane Hamidi, aujourd'hui âgé de plus de 70 ans qui n'exerce plus aucune fonction officielle mais c'est lui  qui a été à l'origine de la transformation des Seigneurs de la Toile d'une organisation élitiste et secrète vers sa forme démocratique actuelle. On trouve également dans la tribune d'honneur le mythique Derwish de Zagora, un homme âgé d'une soixantaine d'années. Il est toujours égal à lui même, il n'a pas l'air de vieillir et on dit que Marwane Hamidi est son disciple mais on ne sait pas grand chose sur cet homme, à part quelques histoires légendaires où on a du mal à discerner la réalité du mythe. Le professeur Gabovich était déjà debout devant le podium réservé aux orateurs invités. Il fait un signe à Nizar pour qu'il s'approche.
 
  • "Bonjour Nizar, tout le monde est pratiquement là, nous allons commencer dans cinq minutes. Je ferai l'introduction et je te céderai la parole" dit le Professeur, puis il ajoute "on dirait que ton sujet intéresse même le Doyen des Seigneurs de la Toile et le Derwish, c'est un signe qui ne trompe pas. Je t'avais dit que tu as touché le mil. Allez bon courage!" Puis le professeur allume son micro et s'adresse  à l'assistance: "Mes amis, je vous remercie d'être venus aussi nombreux assister à cet exposé fait par un jeune physicien de talent. Sa théorie n'est pas encore confirmée par l'expérience mais je crois qu'avec ses travaux on est à  l'aube d'une révolution scientifique et culturelle sans précédent." Puis s'adressant au jeune : "A toi Nizar, expliques leur ta vision des choses"
  • "Merci Professeur, merci à vous tous d'être venus, c'est un grand honneur pour moi de m'exprimer devant les représentants de la société savante la plus importante de la planète. Je sais qu'il y a parmi vous plusieurs lauréats du prix de la Terre dans des disciplines différentes et ma théorie gagnerait si elle est confrontée aux résultats établies dans d'autres disciplines autres que la physique. Je vais vous épargner le formalisme mathématique sous jacent dans mes travaux et que vous pouvez toujours consulter sur mon site dans le Terranet  à l'adresse tp://nmaya.gupy.edu et je vais essayer de parler en termes simples mais justes ...
Le Terranet dont parle Nizar est un réseau planétaire multimédia à haut débit qui a supplanté l'ancien réseau internet. Terranet est actuellement un réseau gratuit véhiculant toute sortes d'informations multimédias : télévision et radio  numériques, données informatiques et vidéophone (téléphone visuel) entre tous les points du globe. Nizar continue son exposé brillant devant  le Conseil des Seigneurs de la Toile. A la fin de son exposé, il a été ovationné par l'assistance qui a admiré l'esprit créatif de ce jeune homme. Quelle est l'interprétation  donnée par Nizar aux supradimensions ? En résumé, d'après Nizar Maya, l'espace dans lequel nous vivons est bel et bien un espace à six dimensions bien réelles. La courbure de l'espace temps de l'ancienne théorie de la relativité n'a plus lieu d'être puisque cette courbure est effectué dans un espace de dimension supérieure. Un peu comme si on disait qu'un surface sphérique qui est un espace à deux dimensions courbe n'est plus qu'un objet tridimensionnelle normal dans un espace à trois dimensions qui n'est plus courbe mais "plat" ou encore un espace euclidien classique. Donc d'après Nizar l'espace où nous vivons est un hyperespace à six dimensions où le temps n'a pas de statut particulier et qui est de surcroît euclidien c'est à dire que la géométrie grecque s'y applique avec tous ses postulats. Belle revanche pour la géométrie classique dont le modèle a été balayé pendant un siècle et demie par la géométrie riemannienne utilisée par Einstein. A la question pourquoi nous ne percevons pas les autres dimensions de l'hyperespace, Nizar répond qu'il n'a pas de réponse précise mais qu'en théorie, nous devrions les percevoir. Mieux encore, Nizar affirme que les propriétés quantiques des particules ne disparaissent pas à l'échelle macroscopique comme on croyait avant. Il a montré qu'un objet macroscopique a bien des propriétés ondulatoires mais dans l'hyperespace. Les conséquences de cette théorie sont inimaginables : en théorie un homme  peut, par exemple, se manifester en deux endroits différents en même temps, il peut également "se déplacer" à des vitesses inimaginables ! La question qui vient de suite à l'esprit c'est "pourquoi n'a-t-on jamais vu un homme ou tout autre objet matériel réaliser cet exploit là?" Nizar répond que peut être que l'homme, qui a développé surtout des capacités d'adaptation avec le milieu terrestre,  n'a pas su développé ses autres facultés et même si certains hommes ont développé ces "dons" extraordinaires, soit il n'osaient pas en parler soit il n'étaient pas cru par leur congénères et attribuaient leurs capacités à des phénomènes surnaturels plus ou moins diabolisés ou à des tours de prestidigitation. Pour appuyer ses thèses, Nizar propose une expérience physico-chimique où on peut montrer les propriétés ondulatoires d'un litre d'eau ! L'expérience est difficile à mettre en oeuvre et plusieurs équipes de recherche sont déjà en train de tenter l'expérience. Parmi les conséquences extraordinaires de l'interprétation de Nizar Maya dans le domaine de l'astrophysique, la disparition du problème de la masse invisible de l'univers et du paradoxe des galaxies "plus vielles"  que l'univers lui même. Le problème de la masse invisible de l'univers se posaient aux astrophysiciens de la fin du 20ème siècle qui ne pouvait expliquer le mouvement des galaxies que par l'existence d'une masse invisible formé selon les hypothèses de nuages de poussières invisibles ou de neutrinos mais on n'avait aucune explication satisfaisante. Avec l'hyperespace de Nizar Maya et la nouvelle expression des équations de la gravitation, le problème est levé et le mouvement des galaxies s'explique sans autres hypothèses. Quant aux galaxies apparemment plus vielles que l'univers lui même, le paradoxe vient du moyen utilisé pour la datation : qui est le décalage vers le rouge dû à l'expansion de l'univers. Là aussi, l'expansion de l'univers prend une autre signification dans l'espace à six dimensions : il y a bien une expansion, mais de deux dimensions de l'hyperespace au détriment de quatre autres! En fait l'espace n'est pas en expansion mais plutôt en déformation. De ce point de vue, le décalage vers le rouge prend une autre signification et la datation qui en découle est modifiée. Autre conséquence importante de l'interprétation de Nizar Maya : la théorie du big bang devient inutile. On peut dorénavant expliquer l'expansion de l'univers sans recours à une explosion originelle et on explique facilement la naissance de galaxies par une propriété de l'hyperespace qui contient des points d'inflexions de certaines dimensions qui se traduisent par l'apparition de sorte de "grumeaux" favorisant la concentration de la matière sous l'effet de la gravitation pour former les galaxies et les étoiles. Seul ombre au tableau : le rayonnement cosmique fossile à 3 K, il ne trouve pas sa place dans l'interprétation de Nizar Maya, sa théorie ne permet pas de l'expliquer. La question a été soulevé devant le Conseil des Seigneurs de la Toile. Nizar a répondu qu'il n'a pas d'explication scientifique mais qu'il a sa propre idée personnelle et subjective : il croit que c'est un phénomène artificielle et non pas naturel. Pour lui, le rayonnement fossile  à 3 K est tout simplement un signal envoyé par une civilisation extraterrestre ! Cette dernière affirmation n'a pas manqué de soulever des réactions vives : certains ont esquissé un sourire moqueur d'autres ont crié au scandale. Le professeur Gabovich a été obligé d'intervenir pour calmer les esprits et préciser que Nizar a bien dit clairement que c'était une opinion personnelle et subjective qui n'enlève rien à la qualité de ses travaux scientifiques. Après la réunion houleuse du Conseil des Seigneurs de la Toile, Nizar Maya a été invité avec son professeur Moran Gabovich à une entrevue avec le Doyen  Marwane Hamidi et le Derwish de Zagora. Nizar se retrouve donc invité à déjeuner avec deux  grandes figures humanistes légendaires de l'après cataclysme.
  • Marwane : Nous sommes moi et Derwish très heureux  de faire ta connaissance Nizar
  • Nizar : Tout le plaisir est pour moi.
  • Derwish : Moran nous a déjà parlé de tes travaux, je tiens personnellement à te féliciter pour ton interprétation extraordinaire de la Théorie d'Unification. Mais dis-moi d'où vient ta conviction que le rayonnement fossile est d'origine artificielle?
  • Nizar : j'ai eu l'idée en travaillant avec un ami sur les messages envoyés par les sondes Pioneer et Voyager vers la Terre. Un calcul théorique permet de montrer que le rayonnement cosmique devrait influencer sur la forme des signaux reçus sur Terre de ces sondes, or il n'en est rien dans la réalité. Ce qui peut s'expliquer par l'absence tout simplement de ce rayonnement dit fossile en dehors du voisinage de notre terre. Comme on a jamais envoyé de sonde spécialement pour vérifier l'existence du rayonnement fossile en dehors de notre voisinage terrestre et comme les sondes Pioneer et Voyager ont d'autres missions la question reste indécise et invérifiable. Pour en avoir le coeur net, il faudrait envoyer des missions spécifiques pour tester cette hypothèse.
  • Marwane : mon jeune ami, ton intuition est fulgurante. Tu ne crois pas si bien dire en affirmant que le rayonnement fossile à 3K est artificiel mais là où tu n'es pas sur la bonne voie c'est l'affirmation de l'origine extra terrestre de ce signal...
  • Nizar : vous voulez dire que ce sont des hommes qui sont à l'origine de ce signal? En disant cela, Nizar se retourne vers le professeur, mais constate qu'il était aussi étonné que lui. Par contre on sentait une certaine complicité entre Marwane et le Derwish.
  • Marwane : en quelques sorte oui, mais laissons pour l'instant cet aspect de côté, nous y reviendrons. Dis-moi Nizar, est-ce que tu as déjà réfléchi au cataclysme qui a frappé la terre il y a un demi siècle et a changé son orbite et son climat?
  • Nizar : justement, je me suis penché sur la question et je n'ai qu'une explication : l'hyperespace dans lequel évolue la terre a été localement modifié par un apport massif d'énergie localisé dans une supra-dimension.
  • Moran : ça y est j'y suis ! les archives des Seigneurs de la Toile parlent justement d'une explosion nucléaire qui a été évité grâce justement au Derwish ici présent par un moyen inconnu à l'époque. Vous confirmez cela Derwish?
  •  Derwish : "oui j'ai bien dérouté deux bombes nucléaires vers un point localisé dans une supradimension. Je n'avais pas le choix : c'était ça ou l'hécatombe et la désolation sur Terre. Depuis l'humanité a fait beaucoup de progrès et nous avons maintenant confiance dans l'Homme." Puis s'adressant à Marwane : "Je crois qu'il est temps de leur parler ouvertement Marwane"
  • Marwane : oui ! en fait nous vous avons invité pour vous annoncer en avant première ce qui bientôt sera connu par toute l'humanité...
Marwane raconte alors son histoire qui commence il y a environ quarante ans. A l'époque, Marwane venait de sortir de la crise provoqué par le terroriste Heinrich Mayr qui a envoyé deux têtes nucléaires sur des innocents s'il n'y avait pas un certain homme dénommé le Derwish qui avait sauvé le monde, on ne sait par quel miracle. Marwane qui était originaire du sud du pays dénommé Maroc à l'époque avait entendu parlé d'un homme saint que les villageois appelait le Derwish. Marwane a tout de suite fait le lien entre cet homme saint et l'homme qui a fait son apparition subite en plein Conseil des Seigneurs de la Toile. Marwane a pris donc la décision d'aller au village de Tagounite pour y rencontrer le Derwish. Son intuition ne l'a pas trompé : c'était bien l'homme qui a surgit lors de la séance du Conseil des Seigneurs de la Toile. Marwane, lui demanda d'accepter qu'il soit son disciple pour qu'il apprenne sa science et sa sagesse. Le Derwish a accepté d'avoir Marwane comme disciple mais l'a prévenu que le chemin sera long et difficile. La formation de Marwane a duré dix ans au bout desquels il s'est métamorphosé et il est revenu voir ses amis des Seigneurs de la Toile et les a invités à transformer radicalement leur organisation et changer complètement leurs méthodes : Il a été écouté. Ensuite Marwane raconte l'histoire du Derwish et c'est cette histoire qui est la plus extra-ordinaire. Nos amis Nizar et Moran écoutent attentivement mais ce qui est aujourd'hui un secret connu uniquement par quelques rares privilégiés sera demain le sujet de discussion de prédilection de toute la planète.
 

Contact

La nouvelle a été d'abord rapporté dans un rapport ad hoc publié par la Space Contact Cooperative sur la base de signaux concordants reçus par leurs antennes installées sur la lune et sur plusieurs planètes du système solaire dans le cadre du projet scientifique SETI (Search Extra Terrestrial Intelligence). Ensuite l'information a été confirmée par d'autres sources scientifiques avant de se propager comme une traînée de poudre sur le Terranet : tous les éditoriaux de presse sous toutes ses formes parlent de La Nouvelle qui va changer le destin de l'humanité : l'humanité vient de recevoir le premier message provenant d'une intelligence extraterrestre. Les ingénieurs travaillant à la Space Contact Cooperative dans le cadre du projet SETI ont une tâche bien précise : "écouter" l'univers avec leurs puissants radiotélescopes à la recherche de signaux artificiels qui révéleraient l'existence d'une civilisation extra-terrestre. Le projet SETI était initié par un scientifique américain de la fin du 20ème siècle, Carl SAGAN qui a eu le mérite de sortir la recherche d'extra-terrestres de son carcan initial lié aux récits et aux spéculations autour des OVNIs vers le domaine de la recherche scientifique menée par des universités et des laboratoires prestigieux. L'idée était que toute civilisation extra-terrestre qui aurait un développement scientifique supérieur ou égal au notre songerait à utiliser les ondes radios pour ses propres communications ou pour nous envoyer des messages. Donc, si on braque des radiotélescopes puissants vers des étoiles ou amas d'étoiles assez proches de nous et si on analyse les signaux ainsi captés, on a des chances d'y trouver des signaux artificiels qui trahiraient la présence d'extra-terrestres. Après plusieurs expériences infructueuses, les scientifiques ont pensé à scruter d'avantages d'étoiles et d'avantages de canaux potentiels de transmission en mettant en oeuvre un projet ambitieux dénommé à l'époque seti@home (prononcez seti at home). Le projet consistait à utiliser la contribution volontaire de plusieurs milliers de personnes connectés au réseau mondial de l'époque (internet) pour analyser les signaux captés par le radiotélescope géant d'Arecibo. Ce projet est resté infructueux et aucun signal artificiel n'a été détecté : à part les fausses alertes dues à des interférences terrestres causées par l'activité humaine, rien de significatif n'a été capté. La Space Contact Cooperative a imaginé alors un projet encore plus ambitieux consistant à placer des antennes radio sur la face cachée de la lune, sur Mars, Io et Europe (ces deux derniers sont deux satellites de Jupiter). Ces antennes placées en dehors de la terre permettent d'écouter les étoiles avec une précision accrue et loin des perturbations terrestres. En plus l'emplacement éloigné entre ces antennes et leur disposition judicieusement choisie permet de réaliser une sorte de radiotélescope géant dont le diamètre serait égal à la distance Terre-Jupiter, soit environ 600 millions de Km! Cette stratégie a été payante car les radioastronomes de la Space Contact Cooperative ont été les premiers à confirmer l'origine artificielle extra-terrestre des signaux reçus. En fait, les scientifiques étaient déjà sur la brèche depuis quelques jours déjà car ils ont constaté un fait bizarre : le rayonnement fossile habituellement reçu par tous les radiotélescopes a commencé à fluctuer, à perdre son homogénéité depuis quelques jours. Ce rayonnement dit fossile à 3°K est un rayonnement prévu par la théorie du Big Bang. Il constitue dans cette théorie le vestige du rayonnement très intense à 10 000 °K qui baignait l'univers quand celui-ci était âgé de 300 000 ans ! La découverte par hasard de ce rayonnement par deux radioastronomes américains, Penzias et Wilson, en 1965 fût la deuxième grande confirmation de la théorie du big bang après la découverte de l'expansion de l'univers. Curieusement, c'est encore ce rayonnement fossile, ou plutôt sa perturbation qui va encore être à l'origine d'une découverte importante. Ce matin les radioastronomes de la Space Contact Cooperative ont repris leur surveillance des fluctuations de ce rayonnement fossile, subitement celui-ci disparaît laissant la place à un signal intense et clairement artificiel ! L'information a été de suite confirmé par les mesures prises par toutes les antennes placées sur Terre ou ailleurs dans le système solaire. Le nouveau signal reçu ressemble au rayonnement fossile dans la mesure où il est homogène et isotrope, c'est-à-dire qu'il a la même intensité et la même direction partout où il est capté! Donc ce signal ne vient pas d'une étoile ou d'un amas particulier, mais il a l'air de provenir de toutes les régions du ciel !  On a constaté également que le nouveau signal artificiel reçu est une suite ininterrompue d'un même message d'une durée de 5 minutes. Les expert en cryptage se sont penché sur ce message répétitif mais ils n'ont pas été obligé de forcer leur talent pour constater que le message est en fait un enregistrement sonore en plusieurs langues terrestres de la phrase suivante : "Habitants de la Terre, que la Paix soit avec Vous, le 21 Mars prochain nous vous rendrons visite, place de la galaxie à Paryork City, à 9h TU". Cette immense place au coeur de la mégalopole Paryork City abrite quelques monuments célèbres comme les répliques de la statut de la liberté et de la tour Eiffel ainsi que les sièges du parlement, des ministères et  de quelques autres organisations non gouvernementales. Le message a été reçu un mois avant le rendez-vous fatidique indiqué et il a continué à être diffusé sans interruptions durant tout le mois permettant ainsi de vérifier et de revérifier son origine extra-terrestre et de valider son contenu qui ne fait maintenant aucun doute. Le président et les membres du  gouvernement ainsi que les députés ont pris ce message au sérieux et ils ont décidé d'être là au rendez-vous.
Le jour J est arrivé, la place de la galaxie a été évacuée et des mesures de sécurité exceptionnelles ont été prises.  Il n'y a plus sur la place que le président et les membres de gouvernement au complet, quelques scientifiques et les députés. Les caméras transmettent l'événement en direct sur le Terranet. A 9h pile, un engin qui  a  la  forme d'un hémicar  volant, mais ayant un diamètre dix fois plus grand, a surgit de nullepart et a atterrit dans un sifflement à peine perceptible sur la place de la galaxie à quelques mètres de l'endroit où se tiennent le président et les ministres. Une sorte de porte s'ouvre et une dizaine d'hommes descendent d'un pas solennel de l'engin volant, parmi eux on peut distinguer un visage connu : le Derwish de Zagora. La délégation s'avance et ses membres commencent à saluer le président et les ministres en arborant un large sourire et en prononçant à chaque fois le nom de la personne saluée : de toute évidence nos visiteurs connaissent non seulement nos langues mais également les membres de notre gouvernement ! La présence du visage connu du Derwish a largement atténué l'effet de surprise et les gens présents sur la place ou suivant l'événement en direct sont partagés entre un sentiment d'incrédulité et de surprise. Au fond, chacun se demande si tout ça n'était pas une grande supercherie mais ose à peine se le répéter. Le Président a souhaité la bienvenue aux visiteurs et les a conviés à venir dans l'enceinte du parlement pour qu'ils puissent s'adresser directement aux représentants de l'humanité tout en étant suivi en direct sur le Terranet par l'ensemble de la planète. Les visiteurs ont accepté l'invitation et tout le groupe a regagné l'enceinte du parlement. Tous les députés sont déjà présents, le président et les ministres prennent place dans les sièges qui leur sont réservés et la délégation prend place dans la tribune d'honneur. Un orateur parmi eux prend la parole au nom de toute la délégation. Il prononce le discours suivant,  devant une assistance médusée:
"Chers amis habitants de la Terre, nous sommes très heureux d'être parmi vous aujourd'hui et nous attendions ce jour depuis quelques millénaires déjà ! Comme vous le voyez, nous sommes des humains comme vous, mais notre histoire est bien plus ancienne que la vôtre et elle a commencée il y a quelques millions d'années sur la planète Mars. Notre race a prospéré et a développé une science et une technologie  analogues à votre niveau actuel mais quelques millions d'années avant vous. Malheureusement notre race était belliqueuse et nous sortions à peine d'une guerre pour replonger dans une autre. L'écosystème de la planète a beaucoup souffert de nos guerres et de nos industries polluantes et nous avions fini par en venir à bout. En effet, la dernière guerre qui s'est déroulée sur Mars a détruit la totalité de la population martienne qui s'élevait à 20 milliards d'habitants. L'océan boréal qui régulait le climat martien a été complètement pulvérisé à cause d'une faille dans une supradimension créé par les explosions nucléaires. Par la suite, le vent et les météorites vont effacer toute trace de civilisation dans cette planète. Les quelques rescapés de ce suicide collectif de la planète étaient au nombre de quelques milliers qui avaient pris la fuite à bord de quelques engins spatiaux et qui sont restés, dans un premier temps, en orbite autour de mars. En voyant mourir notre planète et ses habitants sous nos yeux, nous autres rescapés de la planète Mars, devions trouver un autre monde assez proche de notre planète pour y vivre. La Terre était le candidat le plus sérieux pour cette migration. En arrivant sur Terre, nous avons constaté qu'il y avait quelques formes de vies primitives qui étaient à base de Carbone comme nous. Mais à la différence de la vie sur Mars, les terriens utilisent l'oxygène comme carburant dans leurs cellules, nous autres martiens utilisions l'argon. L'oxygène nous était très dangereux et pouvait radicalement détruire nos cellules. Cependant, nous avons constaté que la vie sur terre s'accommode bien avec l'oxygène, nous avons donc analysé et prélevé quelques gènes de l'homo sapiens que nous soupçonnions qu'il allait être le maître de la terre. En analysant son ADN, nous avions constaté une forte similitude entre l'ADN de l'humanité et le notre et nous avons découvert les gènes qui conditionnent votre organisme pour utiliser l'oxygène de l'air. Le génie génétique était une discipline très développée chez nous et nous avons pu modifier nos propres gènes pour les adapter à la vie sur Terre. Nous avons réussi à le faire mais on était devant un dilemme et un choix difficile à prendre : si nous effectuons effectivement les modifications dans notre ADN, nous risquerions de devenir stériles et on ne pourrait pas non plus avoir une descendance avec une race terrienne. Si nous n'effectuons pas cette modification de nos gènes, nous pourrions certes continuer à nous reproduire naturellement mais nous n'aurons pas de planète où vivre et les réserves de nos vaisseaux étaient limitées. Nous n'avions pas non plus la technologie nous permettant d'aller visiter les étoiles à la recherche d'une planète qui s'approche de Mars. Après de longues réflexions et discussions nous avons opté pour une solution de compromis en trois phases: D'abord, nous avions décidé de sauvegarder notre patrimoine génétique d'origine dans des embryons congelées et préservées pendant des milliers voire des millions d'années en attendant le jour où une planète comparable à Mars sera trouvée et où on pourra à nouveau régénérer la race martienne par des procédés artificiels. Ensuite ces nouveaux martiens pourront reproduire normalement à l'âge adulte. La deuxième phase consiste à effectuer la modification de l'ADN de tous les rescapés martiens afin qu'ils puissent vivre normalement sur Terre et vivre tranquilement jusqu'à la fin de leurs jours. L'espérance normale de vie moyenne de notre espèce étant de 150 ans. Troisième phase de notre plan : désigner une centaine de volontaires qui vont être clônés de manière artificielle pendant des millénaires pour réaliser nos objectifs à très long terme. Cette centaine de volontaires vont être "renouvelés" artificiellement par clonage car ils sont stériles génétiquement et ne peuvent se reproduire naturellement. A chaque fois qu'une génération viellit, elle est remplacée par une génération de clones jeunes qui prend la relève avant que la génération précédente ne s'éteigne et ainsi de suite. Moi même et mes amis ici présents ou ceux qui ne sont pas là aujourd'hui, nous sommes la 70ème génération de clones qui se perpétuent depuis environ 10 000 ans. Notre mission telle qu'elle a été définie par le groupe des rescapés de Mars s'articule autour de deux préoccuppations majeures : Primo garder et préserver notre patrimoine génétique d'origine en attendant la découverte d'un monde propice à la régénération de notre espèce. Secundo, surveiller et aider discrètement la race humaine sur terre et essayer de lui faire éviter le sort subit par notre planète et notre race. Cette dernière mission était pour nous très difficile car il nous fallait minimiser nos interventions pour ne pas perturber le rythme naturel de l'évolution. Toute intervention de notre part risque d'avoir des conséquences catastrophiques car nous ne maîtrisons pas tous les paramètres de la vie sur Terre. Nous étions des observateurs privilégiés et intéressés mais notre sagesse nous interdit toute intervention qui ne soit pas indispensable. Pendant toute la durée de l'humanité, nous avons surtout intervenu en nous intégrant parmi les humains et en diffusant quelques valeurs universelles de paix et de respect de la vie. A quelques rares occasions nous avons pu intervenir avec nos moyens techniques pour aider l'humanité.  Ce fût le cas, par exemple, quand nous avons évité à la terre une guerre nucléaire déclenchée par un terroriste  à la fin du 20ème siècle. Nous étions obligés d'intervenir pour éviter à la terre le sort qu'a connu notre chère et regrettée planète Mars. Nous avons toujours essayé de vivre dans des endroits éloignés et peu fréquentés par les humains. A partir du 17ème siècle, nous avons été obligé d'abandonner la terre ferme, devenue trop exiguë et de nous refugier dans les fonds marins. Ainsi, nous  avons construit une ville sous marine au large des Bermudes, loin des regards indiscrets pour y protéger notre patrimoine et notre technologie. Pourquoi cet endroit précisément? c'est un endroit pas trop profond, ni très loin des rivages et ayant une eau tempérée et surtout bénéficiant des courants sous-marins puissants que nous utilisons pour générer de l'énergie propre. Quelques malheureux accidents entre nos engins spatiaux et des bateaux ou des avions ont contribué à l'édification de la légende du triangle des Bermudes. Certains récits d'OVNI sont provoqués effectivement par le passage de certains de nos engins, mais nous n'avons enlevé aucun humain, car nous n'en avons pas besoin. Certains parmi nous vivent parmi les humains comme des humains et n'ont pas besoin de les enlever pour les connaître ou les étudier ! Ce que nous avons fait également après la découverte des ondes électromagnétiques par l'humanité, nous avons généré à partir de la terre et nous l'avons réfléchi dans une supradimension, un rayonnement radio de faible intensité qui avait comme caractéristique d'être homogène et isotrope grâce à la réflexion dans l'hyperespace. Donc, nous espérions par ce moyen, attirer l'attention de l'humanité sur la nature artificielle de ce rayonnement pour qu'elle commence à se poser des question sur la présence d'autres intelligences extra-terrestres. Le résultat a été pour le moins surprenant pour nous, car ce rayonnement a été interprété dans le cadre de la théorie dite de big bang et nous étions loin de soupçonner cette mauvaise interprétation de notre message. Mais en réalité, ce qui empêchait que nous passions à l'étape de prise en contact directe avec vous c'était votre situation politique et sociale catastrophique à la fin du 20ème siècle qui nous empêchait de vous faire confiance. Nous attendions que l'humanité soit mûre, qu'elle bannisse les guerres et les injustices sociales, qu'elle éradique la pauvreté, l'analphabétisme et les épidémies qui la ravagent, qu'elle aboutisse à un système réellement démocratique et respectueux de l'homme et de la nature, en somme qu'elle devienne adulte. Cette situation est maintenant atteinte, donc nous considérons que l'humanité est enfin prête à nous accueillir"
L'orateur se tait et tous les personnalités présentes au sein du parlement se mettent debout et commencent à applaudir chaleureusement l'orateur qui remercie l'assistance avant de rejoindre ses pairs dans la tribune d'honneur. Le Président, manifestement ému,  prend alors la parole et prononce le discours suivant :
"Chers visiteurs, mes amis terriens, c'est un moment historique que nous vivons aujourd'hui, je ne trouve pas vraiment les mots pour exprimer à la fois ma joie et ma stupeur... D'abord, au nom de tous les terriens et avec quelques millénaires de retard, je souhaite la bienvenue à nos amis martiens sur Terre. Je vous remercie, au nom de tous les terriens, pour les services que vous avez rendus à la Terre durant toute l'histoire de l'humanité. Soyez certains que les terriens vont vous être reconnaissants. Je pense que nos destins sont très liés et que la préservation de la Terre avec tous ses habitants est un objectif commun. Par ailleurs, vous n'êtes pas sans savoir que les technologies actuelles et les avancées de la physique moderne nous permettent de concevoir et de fabriquer des véhicules permettant de parcourir les distances stellaires en des temps raisonnables. Nous avons déjà mis en chantier un projet ambitieux d'exploration de notre galaxie ainsi que les nuages de Magellan.  Nous sommes persuadés de pouvoir trouver d'autres planètes qui conviendraient à nos formes de vies respectives, comme nous sommes persuadés de pouvoir rencontrer d'autres vies et d'autres intelligences vivant autour d'autres étoiles..."
D'autres personnalités se sont succédées sur la tribune d'orateurs.  A la fin des discours, les visiteurs sont conviés à un banquet offert par le Président. Parmi les invités, on remarquera la présence de Marwane Hamidi, du professeur Moran Gabovich et du jeune Nizar Maya.
Quelques années plus tard, un des élèves du professeur Nizar Maya, qui est alors un lauréat du prix de la Terre, découvre une théorie physique pour le moins étonnante : d'après ce jeune chercheur, l'unviers est symétrique à tout point de vue et en théorie, il existe à un endroit symétrique dans l'univers, un système solaire rigoureusement identique ... Donc il existe quelque part dans l'univers une autre planète Terre et une autre planète Mars identiques dans leur composition physico-chimique et dans leur géophysique à nos planètes. Donc théoriquement, elles doivent héberger des civilisations analogues aux notres. L'approfondissement des calculs de cette nouvelle théorie a même permis de donner les coordonnées précises de cette image miroir de notre système solaire. On a alors affrété le vaisseau spatial qui va explorer cet hypothétique système. A bord de ce vaisseaux, il y avait bien sûr des terriens, mais aussi des clônes de martiens avec leurs embryons congelés de martiens. Toute cette équipe était emplie de l'espoir de trouver des planètes analogues à la Terre et surtout analogue à Mars pour pouvoir regénérer la race martienne. Le voyage avait une durée prévisible de 15 ans. A mi-chemin entre le système solaire et la destination du voyage, le radar de bord détecte un vaisseau spatial extra-système solaire se dirigeant vers le système solaire. Après la prise de contact avec les occupants de ce vaisseau, nos amis terriens et martiens se rendent compte que le vaisseau qu'ils ont rencontrés transportent les habitants du système qu'ils comptaient explorer.  Quand les deux vaisseaux se sont approchés l'un de l'autre à une distance où une image vidéo peut être obtenue ... les occupants de chacun des vaisseaux ont l'impression de se voir dans un miroir ... Bientôt, dans 5 minutes, les uns et les autres pourront même avoir une image vidéo des occupants de chaque vaisseau; et là, Ô surprise les occupants de chaque vaisseau ont l'impression de voir leurs images dans un miroir. A partir de ce moment là, des questions angoissantes commencent à torturer les esprits de nos valeureux spationautes : que va-t-il se passer quand les deux vaisseaux vont se rencontrer dans moins d'une heure? peut-on traverser ce miroir hypothétique? y aura-t-il une fusion entre les deux vaisseaux et leurs occupants? existe-t-il réellement deux vaisseaux différents, ou bien il n'y a qu'un seul vaisseau et l'autre n'est qu'une image miroir dans une sorte de miroir gravitationnel? et si oui qui est le vaisseau réel et qui est l'image? Les occupants des "deux" vaisseaux resteront sans réponse à ces questions car la physique telle qu'elle leur a été enseignée ne permet pas de répondre à ces questions. Ils étaient donc livrés à un destin inconnu et ne savent pas exactement ce qui allait se passer dans quelques minutes...