Friday, November 9, 2012

Méditation, pourquoi et comment ?

Source image :Meditation Improves Health 
Cet article est plus un partage d'expérience que de connaissance. Je voudrais partager avec toi, cher lecteur, les instants de magie, de détente et de plaisir que peut devenir la méditation. Ce n'est pas par hasard que j'ai choisi une caricature pour illustrer mon article, car la méditation doit rester un jeu, un plaisir, un moment de détente et non pas un travail ou prière sérieuse que l'on effectue. Donc reste zen, détendu, enjoué et profites-en !
Pour rester pratique cet article tourne autour de trois questions   :
  • c'est quoi la méditation ?
  • pourquoi méditer ?
  • comment méditer ?
puis je conclurai avec un paragraphe intitulé "de la méditation à la méditativité"

Dans cet article vous trouverez des illustrations et des astuces complémentaires

1- C'est quoi la méditation ? 

D'abord et avant d'aller plus loin j'aimerais évacuer de suite un souci qui peut gêner mes soeurs et frères musulmans. La méditation ne remplace pas et n'est pas une prière : elle est en dehors de la religion. On peut la pratiquer comme un sport ou un hobby comme la musique ou la promenade dans la forêt. On peut dire que la prière s'occupe de la relation entre l'Homme et Dieu ou l'Existence autour de l'Homme. Alors que la méditation s'occupe simplement et exclusivement de la relation entre la personne et soit-même. C'est un retour à soit-même, une confrontation avec ses propres idées, ses propres sentiments ou démons, bref son propre monde intérieur. Mais comme la méditation est très importante, on la trouve dans TOUTES les religions sans exceptions, sous une forme ou une autre. En Islam, religion que je connais le plus, la méditation est ce que le Coran appelle "attafakkour" التفكر. Sans entrer dans les détails linguistiques "taffakour" n'est pas "tafkir" (pensée), ni "tadhakour" (se rappeler), mais c'est simplement la méditation "Ta'ammoul" (التأمل).

Ceci étant dit revenons à notre question "c'est quoi la méditation ?". C'est un état ou l'esprit, la pensée s'arrête complètement et spontanément sans aucun effort personnel. Donc la méditation n'est pas une posture ou un mantra ou une prière que l'on répète. Non, la méditation est l'objectif final souhaité : à savoir, arriver à un état où le flux de pensée s'arrête complètement et spontanément. Cet état d'arrêt complet de la pensée n'est pas aisée ni simple à atteindre.  C'est extrêmement difficile à réaliser car notre cerveau ne s'arrête pratiquement jamais. Même quand on s'endort, le cerveau continue, la plupart du temps, à tourner et à broyer des idées. Le rêve n'est que la continuation de la pensée d'une autre manière. Parfois on s'éveille fatigué car le cerveau ne s'est pas du tout arrêté de tourner. Parfois, même un petit sommeil profond et sans pensée est tellement réparateur, tellement plaisant, car durant ce petit laps de temps le cerveau s'est arrêté totalement. D'où le sentiment de repos et de vivacité. La méditation a pour objectif d'arriver à cet arrêt total de la pensée tout en restant conscient et non pas endormi. En effet, dans le sommeil profond la pensée s'arrête, mais on n'est pas conscient pour le constater et surtout le savourer complètement. Donc la méditation a la même qualité que le sommeil profond et réparateur mais avec un esprit totalement éveillé et alerte. Les mesures scientifiques effectuées sur les ondes cérébrales d'une personne en sommeil profond et d'une personne en phase de méditation indiquent les mêmes valeurs des fréquences cérébrales.

Donc quand on s'assoit avec une posture donnée, qu'on ferme les yeux et que l'on se détend totalement ce n'est pas cela la méditation : en fait, on se met dans des conditions qui vont favoriser l'arrivée de la méditation à savoir l'arrêt complet et spontané de la pensée. Donc, il est important de savoir qu'on ne fait pas de méditation, mais on se prépare, on se met dans des conditions qui vont favoriser la méditation. Mais par abus de langage, on appelle méditation la situation où on se prépare pour l'arrivée de la méditation. J'insiste également sur le mot "spontané", cela signifie que cela arrive "tout seul" sans effort de la personne. La personne se met dans des conditions favorables et l'arrêt de la pensée arrive spontanément, sans effort du méditateur. Au contraire, plus on fait d'efforts moins de chance on a d'arriver à la méditation. Donc il faut faire preuve de patience, de détente, de patience, de joie, de patience, de gratitude et encore de la patience ! 

2- Pourquoi méditer ?

La définition précédente de la méditation peut surprendre un peu : "état où la pensée s'arrête complètement et spontanément". On peut se demander mais pourquoi voudrait-on arrêter la pensée ? celle-ci n'étant pas le privilège de l'homme ? est-que la méditation ne va pas créer des hommes stupides qui ne pensent pas ? En effet, notre société et notre éducation mettent beaucoup en valeur la pensée. Les penseurs et les intellectuels sont mis sur des piédestal. Ils sont la fierté et le sommet de la société. Ce sont eux qui écrivent dans les journaux et les livres et qui apparaissent à la télévision, etc. Or la méditation signifie "Stop à la pensée", "Exit Intellect" !

Lever cette ambiguïté est très simple : en effet, vous savez que le cerveau humain est divisé en deux : la partie gauche est intellectuelle et logique et la partie droite est intuitive. Pour explorer le monde extérieur, pour faire la science, la pensée et l'intellect sont d'excellents outils. Mais pour vivre et pour explorer son monde intérieur, l'intellect devient un grand handicap. C'est l'intuition et le coeur qui prennent la relève. Donc pour explorer son monde intérieur, il faudrait que le cerveau s'arrête et que le coeur se mette au diapason de la vie pour recevoir et sentir les énergies colossales qui l'entourent et qui dépassent le pouvoir de discernement de l'intellect ... et des instruments scientifiques modernes.

Nous avons donc compris que nous pouvons utiliser le cerveau et la pensée pour faire des mathématiques, du commerce ou de la politique mais on doit arrêter la pensée et faire fonctionner le coeur pour explorer son monde intérieur. Mais pourquoi est-ce si important d'explorer son monde intérieur, d'écouter son coeur, de contempler ses propres sentiments, d'observer ses propres pensées pour arriver au stade de méditation ?

La réponse à cette question est importante. En effet, la Femme et l'Homme moderne sont très occupés. Ils n'arrêtent jamais de courir. Leur cerveau connaît une surchauffe ... Même quand ils font la prière, ils ne la font généralement pas avec le coeur mais avec l'Intellect. On voit tout de suite le quantitatif qui prend le relais du qualitatif : ils comptent combien de prières ils ont fait dans la journée, le nombre de dirhams qu'ils ont donné en charité, le nombre de jours de jeunes effectués, combien de fois ils ont lu l'intégralité du Coran en un seul mois, brefs, même avec Dieu, le calcul devient la règle, même si le coeur est absent ... L'Homme moderne et intellectuel est ainsi fait : il transforme tout en business y compris avec Dieu. Donc l'intellect ne s'arrête jamais, or la vie, la beauté, la joie, le bonheur ne sont pas intellectuels : quand un morceau de musique te bouleverse, quand un visage te renverse, quand un poème te secoue au plus profond de toi-même, quand un coucher du soleil ou un paysage te remplit de joie et de bonheur, ce n'est pas le cerveau qui fonctionne, mais c'est bien autre chose. Donc il est important d'arrêter cette machine qui tourne tout le temps et qui surchauffe la plupart du temps, à savoir le cerveau et la pensée. Donc pour réellement vivre et profiter même ponctuellement des instants de la vie, il faut congédier le cerveau, le mettre au repos et se laisser bercer, pénétrer par la Vie, par l'Amour, par le Joie, par Dieu ...

Il y a également une raison très importante qui milite en faveur de la méditation : l'Homme moderne et civilisé est tout le temps mu par les ambitions et les objectifs à atteindre. Même ceux qui travaillent dans le monde associatif ou la charité juste pour aider les autres ne s'arrêtent jamais. Tu vas les trouver tout le temps en train de préparer une réunion, un évènement, une activité, un voyage, etc. Bref que ce soit des ambitions personnelles ou altruistes, la Femme/Homme moderne est tout le temps en train de penser, de courir. Depuis que ses parents le mettent à la maternelle, on lui inculque l'esprit de compétition et on lui apprend à être ambitieux, à courir et travailler pour réaliser ses rêves et ses ambitions. Même quand il prend des vacances, celles-ci ne sont pas un objectif en soit, mais uniquement un moyen de se reposer pour mieux revenir à la scène de course, de compétition ou de business que ce soit un business très terre à terre ou un business avec Dieu ou pour le bien de la société, des pauvres, etc. Cette frénésie et cette course rend l'Homme moderne malade. En effet, son travail ne se déroule jamais comme il veut et les objectifs ne se terminent jamais et il commence à être englouti dans les problèmes qui l'entourent : le businessman va crouler sous les problèmes du marché : le recouvrement, le taux de change, les problèmes sociaux, etc. L'altruiste ou le travailleur social va être submergé par les problèmes administratifs, les bâtons  que les gens même qu'il cherche à aider vont commencer à lui mettre dans les roues, les ambitions personnelles des uns et des autres : ce collègue qui veut prendre sa place de président, cet autre qui veut organiser un évènement encore plus grandiose que lui, etc. 

Mais dans tout cela, la personne s'oublie elle-même. Elle ne s'arrête jamais pour voir si elle-même elle est heureuse. Elle ne s'arrête jamais pour faire le bilan de sa vie ... pourquoi elle court ? jusqu'à quand cette course ? cette course n'est-elle pas en fait un tourner en rond sans fin ... jusqu'à ce que la mort vienne annoncer le coup de sifflet final ... Donc la méditation est importante pour dire "Stop !" On arrête tout et on se calme un peu. 

3- Comment méditer ?

On arrive au plus important et qui est l'objectif principal de cet article : comment "méditer" ou plutôt se mettre dans un état qui va favoriser la méditation ? Pour méditer, c'est très simple, on doit s'asseoir confortablement, fermer les yeux et ne penser à rien, ou plutôt ne pas s'identifier avec ses pensées, mais juste les observer et les voir passer comme un film. Voici plus de détail sur la méditation :

3.1- La posture

Vous trouverez sur Internet beaucoup de photos, d'images et de vidéos consacrés à la posture c'est-à-dire à la manière de s’asseoir pour méditer. Il y a par exemple la position dite du Lotus (celle des statuts de Boudha) ou semi-lotus qui demandent une grande souplesse du corps. Mais il n'y a pas de posture particulière et obligatoire. Le plus important dans une posture (position assise) est qu'elle doit être :
  • confortable : en effet vous allez rester plusieurs minutes dans la même position sans bouger, il faudrait que la position soit confortable, du moins au départ; sinon impossible de rester longtemps assis.
  • stable : il ne doit pas y avoir de risque de tomber à gauche ou à droite, en avant ou en arrière pendant que l'on médite. En effet, tous les muscles doivent être relâchés et détendus. S'il y a un vent ou quelque chose ou quelqu'un qui nous pousse un petit peu d'un côté ou de l'autre, on doit pouvoir encaisser gracieusement ce petit choc et revenir à la position stable sans tomber ni d'un côté ni de l'autre.
  • droite : il est important que le corps et surtout la colonne vertébrale et le cou restent droits et dans une position verticale. Ne se penchant d'aucun côté. Pour vérifier que la position est verticale et si on est assis sur ses fesses, on doit sentir que le poids du corps repose sur les deux os des fesses. On peut faire bouger son tronc à gauche et à droite pour vérifier que la position est bien verticale et stable. Cette position verticale ramène le centre de gravité du corps dans l'axe de la colonne vertébrale et aide à avoir une position stable dont j'ai parlé ci-dessus.
Donc les trois critères ci-dessus sont ceux qui vous permettent de savoir si une position assise sera favorable à la méditation. Assis par terre, sur une chaise ou sur un tapis est accessoire. L'essentiel ce sont les critères ci-dessus. 

Il faudrait aussi éviter de soutenir son dos contre un mur ou le dossier d'une chaise par exemple. Le dos doit rester vertical et ne pas être soutenu par aucun support. En effet, si le dos est soutenu, il y a au moins la tendance de s'endormir. Cette contrainte de laisser le dos libre de tout support peut être un handicap difficile à surmonter pour un débutant. C'est pourquoi, ce n'est pas grave si au début, on s'adosse à un mur ou une chaise et par la suite, petit à petit, prendre l'habitude de s'asseoir sans support. Ne pas hésiter à essayer plusieurs positions jusqu'à trouver la plus confortable.

3.2- Que fait-on quand on médite ?

Une fois que l'on est assis confortablement de manière droite et stable et que l'on ferme les yeux, que fait-on alors ? 

Eh bien on ne fait strictement rien !

L'objectif est justement de ne rien faire. De rester décontracté et détendu à ne rien faire. Ne rien dire. Ne rien répéter même en silence. Certaines techniques de méditation préconisent l'utilisation d'une phrase d'un mot ou d'un son appelé "mantra" et que l'on répète de manière intermittente ou continue à haute ou à basse voix pour chasser toute idée, mais ce n'est nullement obligatoire.

Cependant dès que l'on s’assoit à ne rien faire, surtout au début, le flot d'idée nous submerge et au lieu d'arriver à un arrêt de la pensée, bien au contraire on constate un rush et une accélération des pensées. Que faut-il faire à ce moment ? Comment arrêter ce flot de pensée pour espérer atteindre la méditation ?
Encore une fois il ne faut rien faire ! Il suffit d'observer ses propres pensées et les voir se bousculer avec le maximum de détachement. Ne pas être impliqué dans ces idées, ne pas les juger et dire ceci est bon, ceci est mauvais. Non, il faut rester distant comme si tu regardes un film au cinéma. Si tu t'attaches à une idée ou si tu sents de l'enthousiasme ou de la répugnance pour une idée, en fait tu donnes de ton énergie à cette idée et elle va devenir plus forte et encore plus présente dans ton esprit. Par contre si tu te contentes d'observer ces idées et de les voir passer comme si elles ne te concernent pas, alors elles vont passer comme des nuages  dans le ciel et disparaître. Parfois les nuages sont denses, noirs et menaçants. Parfois les nuages sont blancs et très éparpillés. Mais ce n'est pas ton problème, tu dois rester détaché et tu observes patiemment ce qui se passe. 
Plus tu passes du temps à méditer et à observer tes pensées, ton cerveau va ralentir petit à petit et les instants de clarté vont devenir de plus en plus nombreux et de plus en plus long jusqu'au jour ou le cerveau s'arrête tout seul car les idées ont épuisé leur énergie et ton détachement les a privé d'un nouvel apport d'énergie. Sans carburant, le cerveau s'arrête de lui même et c'est l'état de méditation tant attendu avec son bonheur et sa félicité suprême !

3.3- La respiration

Une respiration profonde, calme et longue est souvent une bonne idée pour commencer la méditation. En effet, si on inspire lentement et profondément et que l'on suive l'entrée de l'air jusqu'à ce qu'il arrive au ventre et que le ventre se gonfle. Ensuite on suit mentalement le mouvement inverse de sortie de l'air doucement et profondément jusqu'à ce que le ventre se vide. Et si on répète ce cycle plusieurs fois, cela agit comme un calmant super-puissant. En effet, la respiration lente, calme et profonde jusqu'au ventre permet d'évacuer très rapidement le stress et la fatigue et aide les muscles à se relâcher et à se détendre. Donc ne pas hésiter à faire cet exercice de respiration au début de la méditation pour arriver à un état calme et serein très rapidement et de manière très agréable.

Ensuite, on doit respirer normalement et calmement. Quand la vraie méditation a lieu, la respiration s'arrête totalement et le corps prend son énergie vitale directement de son environnement sans passer par le biais de la respiration. Pour toi et moi qui sommes juste des débutants en train de goûter aux premiers plaisirs de la méditation, la respiration reste normale, calme et sereine jusqu'à la fin de la séance de méditation.

3.4- La position des bras et des mains

Les bras doivent servir à équilibrer la position assise du corps. Fait donc, cher lecteur, plusieurs essais pour trouver la meilleure position des bras. Généralement une position des bras détendus, les mais posés à l'avant sur ses genoux, ses cuisses ou ses jambes est une bonne position.

Les mains doivent être soit les doigts croisés soit chacune à plat sur les cuisses ou les genoux avec la pomme des mains en contact avec la cuisse ou le genou. En effet, les doigts et les orteils sont des endroits d'émission d'énergie du corps. Pour minimiser la perte d'énergie et avoir une position stable qui consomme le moins possible d'énergie, il vaut mieux soit croiser les doigts soit mettre les mains à plat sur son propre corps. Certains croisent juste le pouce et l'index de chaque main ensemble et mettent les mains sur les genoux. Ok; pourquoi pas ? si cette position est stable pour toi. En effet, le pouce est celui qui émet le plus d'énergie parmi les doigts de la main, le "court-circuiter" avec l'index aide à mieux conserver l'énergie.

Personnellement, au début quand je m'asseyais sur une chaise, je mettais mes mains à plat sur mes cuisses. Elles restent ainsi pliés un peu et relaxés. Maintenant que je m'assoie par terre les jambes croisés (à la marocaine, "carré/mraba3" ou en semi-lotus selon les cas); je croise les doigts des deux mains et je pose mes deux mains ainsi croisées à l'avant, sur mes jambes croisés. Pour moi c'est une position qui relaxe totalement les bras et ne change pas beaucoup le centre de gravité de mon corps que je ressent toujours aligné sur ma colonne vertébrale avec l'essentiel du poids du corps ressenti au niveau des fesses.

3.5- L'espace-temps de la méditation

Tout endroit calme où on ne risque pas d'être perturbé est propice à la méditation. Si on peut se permettre d'être dans la nature, l'effet de la méditation est démultiplié : être dans un jardin, à la plage ou dans la forêt pour méditer est une très grande chance que l'on peut avoir. Maintenant, un citadin peut très bien méditer dans une chambre, dans un balcon ou dans une terrasse à ciel ouvert. L'essentiel est d'être à l'abri de perturbations humaines ou autres. Ce n'est pas un problème s'il y a des bruits humains ou autres; il faut juste apprendre à être détaché et ne pas être impliqué. Si tu médites dans une chambre et en même temps tu suis les péripéties des discussions de tes enfants ou tes amis dans le séjour à côté, évidemment ce n'est plus une méditation. Il faut rester détaché, entendre sans écouter et rester concentré sur son propre flot de pensées et de sentiments qui passent sur l'écran de son propre esprit.

Par ailleurs il est préférable toujours de méditer au même endroit et aux mêmes heures. Ainsi tout l'environnement de méditation (murs, plantes, etc.) s'habitue à ces moments de bonheur et commence à emmagasiner l'énergie de méditation. Celle-ci devient alors de plus en plus facile, de plus en plus profonde.
Certains décorent l'endroit de méditation avec des bougies et mettent de l'encens ou d'autres belles odeurs. Ce n'est pas une mauvaise idée. Le corps s'habitue alors à ces odeurs et ces couleurs et dès que l'on s'assoit à nouveau dans cet environnement, le corps se détend et la méditation à déjà commencé avant même d'adopter sa posture. Oui, les bougies et l'encens sont bien mais ils n'ont pas de signification mystique ou religieuse particulière, ils font juste partie du confort du corps.

Pour ce qui est de la durée d'une séance de méditation, il n'y a pas évidemment de règle générale. Chacun est libre de faire comme il veut comme il le sent. Cependant, deux séances par jour, en début et en fin de journée avec une demi-heure chacune paraît être une bonne moyenne, voire un minimum selon certains. Cela dit un débutant s'il arrive à s'asseoir 10 minutes d'affilé c'est déjà pas mal. Donc, l'essentiel c'est de prendre du plaisir en méditant et de prolonger ce plaisir aussi longtemps que l'on voudra. Les grands méditateurs peuvent passer plusieurs heures en méditation mais ont le sentiment de rester juste quelques minutes tellement c'est agréable. Donc le seul critère ici c'est votre plaisir et votre joie d'être assis serein, calme en train d'explorer son monde intérieur. Si ce plaisir dure 5 minutes, alors 5 minutes est bonne pour toi, si ce plaisir peut durer 5 heures d'affilés, alors donne-moi ton adresse, je viendrai pour être ton disciple, si tu acceptes que tu sois mon Maître  :-)

3.6- Peut-on méditer sur une question ou une situation ? 

A première vue cela paraît contradictoire de dire "méditer sur une question". En effet, la méditation est par définition passive, on ne choisit pas le sujet de ses pensées ni on s'y implique. Comment alors forcer notre esprit à "penser" à une situation en particulier ? cela devient alors une action positive, une réflexion et c'est tout le contraire de la méditation dont l'objectif est justement de ne pas réfléchir. Et pourtant on entend parfois certains maîtres demander à leurs disciples de "méditer" sur une question ou une situation qui est arrivée au disciple. Le Coran également invite à méditer ("taffakour") sur tel ou tel sujet ou question.

Personnellement je ne suis pas un Maître et je n'ai pas posé la question à un Sage. Ceci dit voici ma compréhension de la question que je partage avec toi cher lecteur et libre à toi de l'adopter ou pas. 
Par exemple il m'arrive de m'énerver à propos d'un sujet quelconque et de m'emporter de manière qui ne me plaît pas. Quand la séance de méditation arrive je décide de "méditer" sur ce qui s'est passé. Voilà comment je procède :  je déroule devant l'écran de mon esprit la situation telle qu'elle s'est déroulée et je l'observe comme dans un film. Même si c'est moi qui est acteur dans ce film, je reste détaché et je ne juge en rien la situation : je ne me dis pas par exemple que ce j'ai fait est bon ou mauvais, je ne cherche pas non plus à justifier ni mon comportement ni celui des autres acteurs. De plus je concentre le flux de mon observation sur moi-même,  sur mes sentiments que j'avais au moment de l'action, sur ma réaction, sur ce que j'ai dit, ce que j'ai entendu, ce que j'ai compris, etc. Et j'ignore totalement les autres. Je me concentre uniquement sur moi-même. Les autres peuvent également méditer sur leurs propres actions, ce n'est pas mon problème. J'essaie également de comprendre mon comportement : que s'est-il passé au juste ? Quelles sont les vrais raisons de ma colère ? Quelle était ma psychologie avant, pendant et après. J'essaie juste de comprendre sans juger ni en bien ni en mal.  Je m'attache également à un autre aspect : j'essaie de détecter s'il n'y a pas un comportement répétitif de ma part, car souvent le psyché/cerveau humain est tellement stupide qu'il refait et refait toujours les mêmes bêtises, réagit aux mêmes situations de la même manière, sans se rendre compte. Parfois tout le monde le constate sauf l'intéressé lui-même qui continue à répéter les mêmes schémas gravés dans son subconscient. Cette séance de méditation sur une situation particulière permet de détecter ses pièges de la pensée. 
Donc ce que je fais est bel et bien une méditation dans le sens où je me contente de rejouer la scène pour l'observer. Je reste, comme en médiation, un simple observateur indépendant et neutre sur une colline. Je vois et je constate les faits sans aucun jugement. Pas de rhétorique, pas de justification pas de compte à rendre à quiconque.
Donc selon moi, oui on peut méditer sur un sujet ou une situation à une condition : de rester un observateur neutre et détaché et de chercher juste à comprendre la situation sans jugement et sans forcer l'explication. Parfois, on n'arrive pas à comprendre une situation ou un comportement. Ok. On prend acte et on reste neutre et détaché. Ce n'est pas grave, quand le moment sera opportun, Dieu guidera notre coeur vers la compréhension de la situation. Donc, il faut rester dans l'esprit de la méditation : observateur passif, attentif et alerte.

3.7- Les petits soucis durant la méditation

  • une envie pressante de se gratter le nez, les yeux ou toute partie du corps : surtout ne pas gratter et ne pas bouger. Il faut savoir que tout mouvement correspond à une pensée dans le cerveau. Plus on bouge et moins on est serein et plus on s'éloigne de la méditation. Donc si tu as envie de te gratter le nez ou les yeux, détend-toi encore plus et ramène toute ton attention à l'endroit que tu as envie de te gratter. Essaie de sentir ce qui se passe là-bas. Essaie de sentir au plus profond de toi-même cette envie de te gratter que ton cerveau envoie pour te perturber et que tu refuses simplement et gentiment d'exécuter. Au bout d'un certain temps, l'envie de se gratter passe ou parfois tu oublies et tu es emporté par le flot d'une idée qui passe au cerveau. Quand tu es à nouveau conscient, reviens avec ta conscience à l'endroit qui te grattait et constate avec bonheur que l'envie est maintenant passée et tu n'as pas cédé. Ton cerveau commence à apprendre qu'il y a maintenant un nouveau patron aux commandes et c'est à lui de te suivre, pas l'inverse. Maintenant, en tant que débutant, si vraiment l'envie de se gratter est insupportable, gratte-toi mais doucement tout en étant conscient de chaque petit geste que tu effectue. Ne gratte surtout pas de manière inconsciente, l'esprit absent. Puis, essaie de mieux résister la prochaine fois. Tu finiras par gagner.
  • une mouche ou un insecte se promène sur ton visage ou te pique : là également la règle est de ne rien faire et de laisser la mouche faire son travail et s'en aller. Je sais que cela en particulier est difficile pour un débutant comme moi, mais si on réussit avec le point précédent (l'envie de se gratter), alors on peut réussir avec les perturbations des insectes de la même manière : ramener toute son attention à l'endroit de la perturbation et essayer de sentir ce qui se passe : par exemple sentir les pattes de la mouche qui marche sur ton nez ou qui essaient de creuser au niveau de ton oeil, mais il faut rester zen, détendu et ne rien faire... Après tout, la mouche est aussi une expression de Dieu comme les humains. Elle est juste à une échelle de conscience beaucoup plus basse que l'homme. Cependant, de préférence pour un débutant, éviter de méditer dans des endroits où on peut être perturbé par des insectes. Après quelques temps, cela devient plus facile de rester imperturbable quelque soit les circonstances.
  • on a un fourmillement dans la jambe qui est pliée ou dans un bras ou un mal au niveau du dos : cela signifie en général que la position assise n'est pas confortable, ou ne l'est plus après quelques minutes. Si par exemple on est un peu penché à l'avant et le poids est ressentit au niveau des pieds pliés, assez rapidement le fourmillement a lieu et le corps devient douloureux. Que faire dans ce cas ? d'abord, il faut essayer plusieurs positions différentes, chaque jour une position, jusqu'à trouver la position la plus confortable qui retarde au maximum l'apparition des fourmillements et de la douleur. Ensuite, personnellement ce que je fais, quand la douleur et le fourmillement deviennent importants, je reste les yeux fermés et totalement concentré sur ma méditation, mais lentement je change mes pieds de position pour les soulager un peu. Une fois que le sang circule à nouveau correctement, je me remet à nouveau en position confortable et je repars pour une nouvelle période de non mouvement. Je fais cela deux ou trois fois dans une séance de méditation. J'appelle cela une bi ou tri-thérapie :-) Attention ne pas adopter une position inconfortable pour le corps et le forcer à l'accepter. Certains se sont blessés à cause de cela est c'est totalement stupide. N'oublie pas que la méditation doit rester un jeu, un plaisir, un moment de détente que l'on cherche et que l'on attend avec impatience. Si la médiation devient équivalent à la douleur, alors vaut mieux arrêter immédiatement. Elle ne sert plus à rien. Cela devient un travail, une nouvelle occupation ou ambition ou défit de l'Intellect. C'est tout le contraire de la méditation. Donc je répète la position doit rester confortable, stable et droite. Dès que le confort est perdu, arrêter la méditation ou rester avec l'esprit alerte de la méditation et reposer doucement la partie du corps qui est fatiguée.
  • on ne sait pas combien de temps on a passé : au début de la pratique de la méditation, le temps devient long : on croit qu'on est resté trois heures, alors qu'on a passé à peine trois minutes ! Quand la vrai méditation a lieu, en fait le temps s'arrête pour le méditateur. Il croit qu'il a passé juste trois minutes alors qu'en fait 3 heures sont passés. Mais revenons à moi et à toi qui sommes débutants et pour qui le temps passe très très lentement. Que faire ? Certains utilisent des écouteurs avec des morceaux de musiques de longueur fixe et connu d'avance. Si le morceau musical dure 8 minutes et qu'il vient de se terminer, on sait que l'on est resté 8 minutes à méditer, pas trois heures. Personnellement, je n'utilise pas la musique, mais soit je reste libre et je note juste le temps avant et après la fin pour mesurer mon progrès. Si j'ai des engagements après la séance de méditation et j'ai peur de rater mes rendez-vous, dans ce cas je programme mon téléphone portable comme un réveil avec la durée que je souhaite. Comme musique de réveil, je met un son calme, doux et très agréable à écouter.
  • on s'est endormi durant la méditation : il vaut mieux arrêter immédiatement et aller dormir correctement. La méditation signifie un esprit vif, totalement éveillé, mais calme et silencieux. Donc inutile de perdre son temps si on a sommeil. Comme je l'ai souligné plus haut un sommeil profond est également une bénédiction, il faut en profiter. Revenir à la méditation quand on est bien reposé sans aucune envie de dormir.
  • on se trouve totalement absorbé par une idée ou par un flot d'idées et on oublie la méditation : parfois il arrive que le flot de pensées est tellement fort, tellement envoûtant que l'on se trouve absorbé et impliqué. On perd alors le neutralité et on commence à réfléchir et à peser le pour et le contre, bref être totalement en plein régime de réflexion et de pensée, soit tout le contraire de la méditation. Ce n'est pas bien grave si cela arrive. Dès que tu te rends compte que tu t'es "fait avoir" par ton cerveau et que tu as cédé de ton énergie à ces idées en y étant impliqué, dès que tu es à nouveau alerte, tu te détaches à nouveau. Tu prend acte que tu t'es égaré. Ce n'est pas bien grave, maintenant tu es là, présent, alerte, calme, détendu et totalement détaché de tes pensées qui peuvent reprendre leur cours normal et toi ton poste d'observation sur la colline. Si tu acceptes même ces moments d'égarement, petit à petit tu seras alerte de plus en plus longtemps et de moins  en moins victime de ses moments d'égarements.

4- De la méditation à la méditativité

Quand la séance de méditation se termine, il ne faut pas tout oublier et recommencer sa vie de somnambule comme si de rien n'était. Une fois qu'on a ouvert les yeux et que l'on revient à la vie normale, il faut continuer l'esprit de méditation : il faut rester vif et alerte et observer chacune de ses pensée et chacun de ses sentiments. Il faut continuer cette observation de soit-même sans jugement. Continuer à vivre normalement et à faire ce que l'on fait normalement mais tout en étant alerte. Je marche par exemple dans la rue, j'essaie de marcher lentement et d'être conscient que je suis en train de marcher. Alors que d'habitude on court et on marche automatiquement sans y penser. Attention, je ne dis pas qu'il faut "réfléchir" à la marche, non il faut juste essayer de rester alerte quand on marche. C'est ce que j'appelle "méditativité" c'est-à-dire continuer l'esprit de la méditation même en dehors de la méditation. Les prophètes et les grands sages sont en méditation tout le temps. Ils n'ont pas besoin de séances de méditation. Chaque acte qu'ils effectuent est conscient, frais et non automatique. Impossible pour eux de tomber, comme nous, dans les pièges des habitudes du cerveau humains et des comportements automatiques des robots et des somnambules. Mais comme toi et moi nous ne sommes pas encore ni prophète ni sage, nous avons encore besoin de la méditation pour nous aider à prendre du recul par rapport à nos actes, pensées et sentiments. Ensuite nous devons, dans la mesure du possible, prolonger cet esprit de méditation dans la vie courante en attendant la prochaine séance de méditation pour recharger les batteries.

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